Disons-le sans détour, l’expérience de la Boîte, qui vient de fêter son dixième anniversaire, est originale et inédite dans le paysage artistique tunisien.
Par Hamma Hanachi
La Boîte? Un petit local d’art dressé comme un écrin au cœur d’une entreprise de santé, de cosmétique, de bien-être et d’hygiène , située dans la zone industrielle de la Charguia, à Tunis, et gérée par le groupe Kilani.
L’art au cœur de l’usine
Cet espace discret, mine de rien, fête cette année sa dixième année d’existence. Cérémonie, rencontre et parution d’un ouvrage sur cette expérience riche en événements.
Fatma Kilani, aux commandes de cette expérience, est une esthète férue d’art contemporain, et exclusivement de création contemporaine. Généreuse de cœur et partageuse d’idées novatrices, elle est nourrie de théories artistiques et motivée pour le faire partager. Elle fonde cet espace alternatif au cœur même de l’entreprise. Son credo ? Faire de cette Boîte à outils (esthétiques) un lieu de rencontres et de débats entre l’art et son public, entre les œuvres et les employés de la société.
Les temps changent, c’est inéluctable, mais il nous reste malgré tout des traces d’histoire de l’art. Il était une fois Mai 68… (50 ans déjà !), sur fond de mépris du marché, l’art de groupe ou communautaire remplace l’art individuel, l’engagement politique est fort, et les courants artistiques voulaient faire disparaître les inégalités culturelles en impliquant les ouvriers et les employés dans le processus de création, sinon d’analyse.
Le credo de La Boîte
Il y a dans la conception de La Boîte une volonté délibérée, loin des choix hasardeux de découvrir, de faire découvrir des artistes jeunes qui ont des projets innovants et d’avant-garde à exposer.
Dix ans, des dizaines d’exposants choisis (Héla Lamine, Hichem Driss, Ali Tnani, Aïcha Filali, Nicène Kossentini, Malek Gnaoui, Meriem Bouderbala, etc.). Leurs œuvres sont actuellement exposées sur trois étages de l’entreprise.
Le credo de Fatma Kilani, qui accompagne ses «poulains» pendant leur création, est de faire expliquer l’aventure aux personnels de l’entreprise. Une fois ses œuvres exposées, l’artiste invite les personnels, il leur explique son parcours, sa démarche, sa conception de l’art, de la vie, des discussions sont ouvertes, etc. C’est plus tard que le public, les invités, artistes, journalistes et critiques, seront invités à voir l’exposition.
A l’occasion de cette date anniversaire, Fatma Kilani a donné carte blanche à Skander Khlif, photographe résidant en Allemagne, pour effectuer un reportage dans l’entreprise. L’exposition est visible à l’IHEC de Carthage.
Par la même occasion, deux spécialistes, Paul Ardenne, historien de l’art, et Pierre-Noël Denieul, sociologue, ont débattu avec le public sur le récit et l’expérience de La Boîte. Ce débat fait suite à la parution de leur ouvrage intitulé ‘‘2007-2007, 10 ans d’expérimentation artistique au sein d’une entreprise en Tunisie’’.
C’est peu dire que les échanges ont été originaux et motivants, l’art contemporain y a gagne en visibilité.
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