Le centre d’accueil et de premier secours pour migrants de l’île italienne de Lampedusa, accueillant majoritairement des Tunisiens, va être temporairement fermé pour travaux.
C’est ce qu’a annoncé le ministère italien de l’Intérieur, mardi 13 mars 2018, sans préciser la durée des travaux sur ce centre, dont les conditions d’accueil se sont nettement dégradées ces derniers mois.
En attendant, les migrants secourus en mer vont désormais être transférés rapidement dans d’autres centres en Sicile, afin que soient menés les travaux de restructuration, en commençant par ceux déjà programmés comme la clôture, la cantine et la vidéosurveillance.
Après avoir hébergé jusqu’à des centaines de personnes dans des conditions souvent dramatiques, le centre de Lampedusa, sur l’île italienne la plus proche des côtes tunisiennes, était devenu ces dernières années un centre d’identification où les migrants ne restaient que quelques jours avant de prendre un ferry pour la Sicile.
Mais beaucoup étaient des Tunisiens arrivés directement sur l’île, à un rythme supérieur à celui des rapatriements systématiques consentis par Tunis, ce qui a poussé les autorités italiennes à les maintenir sur l’île en attendant de pouvoir les rapatrier plutôt que de les perdre de vue sur le continent.
La durée des séjours s’est donc allongée et plusieurs mouvements de protestation ont éclaté ces derniers mois. Le dernier en date, la semaine dernière, s’est terminé par un incendie criminel qui a endommagé une partie des bâtiments.
Avant même l’incendie, une délégation de plusieurs associations avait dénoncé les conditions de vie de la centaine de migrants, pour la plupart Tunisiens, qui vivaient là parfois depuis des mois.
Mardi matin, la Croix Rouge italienne a menacé de cesser ses activités dans le centre si des mesures n’étaient pas prises pour assurer la sécurité des migrants comme du personnel.
Médecins Sans Frontières (RSF) a appelé à une fermeture temporaire et à l’évacuation du centre pour permettre une amélioration radicale des conditions d’accueil et un respect de la dignité humaine.
Des images vidéo récentes prises dans le centre fermé montraient des migrants et demandeurs d’asile contraints de se déshabiller avant d’être aspergés, manifestement pour être traités contre des maladies de la peau. Les images ont déclenché une vague d’indignation parmi les autorités italiennes et européennes et illustré une fois encore les conditions d’accueil déplorables et le manque total de respect de la dignité humaine au sein du centre.
Les équipes de RSF ont visité régulièrement le centre au cours des derniers mois. Ils ont relevé la surpopulation, obligeant certaines personnes à dormir à l’extérieur; un non-respect du secret médical, un nombre insuffisant de douches et de toilettes, un comportement «inopportun» de la part de membres du personnel et des périodes de séjour prolongées dans un centre qui n’a pas été créé pour cela.
Le centre de Lampedusa est censé accueillir un maximum de 240 personnes, mais le nombre de personnes dans le centre dépasse souvent la capacité prévue. Le centre est à l’origine conçu pour être un centre de transit : en ce sens il doit assurer la réception des migrants et des demandeurs d’asile dans les 48 premières heures de leur arrivée, offrir les premiers soins et donner un premier abri temporaire aux nouveaux arrivants. Or ce centre fermé et hautement sécurisé n’est pas à même d’offrir les standards minimum d’accueil. De plus, les personnes arrivées à Lampedusa se voient contraintes de rester détenues dans ce centre plusieurs mois, avant d’être envoyées vers d’autres centres d’accueil.
En termes de soins de santé, la prise en charge médicale des arrivants a été confiée à une société privée, alors que cette responsabilité devrait incomber aux services du ministère de la Santé italien.
H. M.
Rapatriement du corps du migrant tunisien suicidé à Lampedusa
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