La constituante Karima Souid est convoquée, le vendredi 23 mars 2018, à 14h00, devant la 13e chambre du tribunal Correctionnel de Lyon, en France, pour «outrage à agent public».
Par Imed Bahri
Mme Souid, membre de l’Assemblée nationale constituante (ANC) et assesseur du président de l’Assemblée en charge de l’information, de la Communication et des Relations avec les médias de 2011 à 2014, femme politique et personnalité publique (originaire du quartier des Minguettes, à Vénissieux), est poursuivie par la justice française pour avoir critiqué le commissaire et les agents du commissariat de police de Vénissieux.
Pour Maître Hervé Banbanaste (avocat au Barreau de Lyon), qui assurera la défense de Mme Souid, ce procès est contraire au principe démocratique de la liberté d’expression, désormais en danger, en France, le pays des libertés individuelles et des droits de l’homme.
Citoyens en danger, police démissionnaire
Dans un texte publié sur son compte Facebook, le 4 juillet 2017, une lettre ouverte au député Yves Blein de la 14e circonscription où elle réside, Mme Souid évoque la situation à Léo Lagrange, son quartier «quadrillé par les dealers et la gangrène de la drogue», et dont les habitants sont «obligés de faire le travail de la police au risque de voir ensuite (leurs) voitures brûlées ou pneus crevés».
«Léo Lagrange, le quartier où on tremble pour nos enfants de peur qu’ils tombent dans cette ‘‘merde’’ qui est la drogue et son trafic. Les guetteurs ont à peine 14 ans et les dealers 15 ans. Voilà ce qui vous attend monsieur le député», écrit Mme Souid à M. Blein. Son tort est d’avoir qualifié la commissaire de police du coin de «démissionnaire et incompétente» et de s’être plainte du mauvais traitement que les agents de police réservent aux citoyens qui viennent déposer plainte.
«Des agents de police qui vous manquent de respect et qui vous violentent quand vous êtes victime alors que vous venez pour déposer plainte. On en a ras- le-bol. Des agents de police français qui ne maîtrisent pas la langue de Molière. Offrez-leur aussi une bibliothèque pour qu’ils relisent le droit pénal et civil, pour qu’ils puissent enrichir leur vocabulaire et s’adresser au citoyen avec respect et non pas avec un langage que même un voyou n’utiliserait pas. Offrez-leur également des formations pour leur rappeler leurs engagements et leurs devoirs», écrit aussi Mme Souid, qui, pour prouver ses dires, appelle le député Blein à demander au ministère de l’Intérieur «une enquête sur le commissariat de Vénissieux avec visionnage des caméras vidéos de l’accueil».
Un crime de lèse-majesté
Ce commissariat où elle était venue déposer plainte en tant que victime, le 28 juin 2017, aux alentours de 15h30, et affirme y avoir été agressée «verbalement et physiquement». Voilà le «délit de lèse majesté» que la justice française reproche à la femme politique tunisienne résidente en France, qui a seulement exercé son droit d’exprimer son ras-le-bol du laxisme, du laisser-aller et du clientélisme pratiqué par certains fonctionnaires d’Etat dans sa localité.
On a de la peine à croire que cela puisse avoir lieu en France, la nation de Hugo, de Zola et de Sartre, qui voue à la liberté individuelle un respect quasi-religieux. Est-ce à dire que la liberté d’expression est désormais en danger en France ?
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