À la découverte de la ferme pédagogique de Gabès, un projet se sensibilisation à la préservation de la biodiversité et d’insertion socio-économique de personnes en situation de handicap grâce à l’agroécologie et à l’écotourisme.
Le développement durable, c’est aussi aider les plus vulnérables à trouver leur place dans la société.
Gîte touristique, ferme agricole et centre pédagogique
Créer une activité économique pour des personnes en situation de handicap, cultiver les espèces locales et sensibiliser les populations à l’agroécologie : voilà objectif de la ferme pédagogique, l’une des composantes du projet «Emplois Verts».
La ferme pédagogique est un projet de l’Union tunisienne d’aide aux insuffisants mentaux (UTAIM) de Gabès. Avec l’appui de Handicap International et le financement du PGE Gabès, l’ambition est d’en faire à la fois un gîte, une parcelle agricole, un espace de restauration, un centre pédagogique et un musée de l’agriculture traditionnelle.
Environ 20 jeunes, tous atteints de handicaps mentaux, y travaillent en fonction de leurs aptitudes : agriculture, cuisine, nettoyage. «Nous souhaitons développer des partenariats avec des structures prenant en charge d’autres types de handicaps. C’est pourquoi tous les bâtiments sont totalement accessibles aux personnes à mobilité réduite», indique Sarra El Idrissi, ex-coordinatrice du projet pour Handicap International.
La permaculture avant la permaculture
«Nous pratiquons les méthodes ancestrales de culture des oasis. Nos aïeux faisaient de la permaculture, bien avant que ce mot existe», explique Marwa Kaabi, qui gère le projet pour l’UTAIM.
Les cultures sont réparties sur trois niveaux pour utiliser au mieux l’espace : les légumes au sol, le verger au niveau intermédiaire et les palmiers au-dessus, pour protéger les autres plantations. On y trouve pas moins de 16 variétés rares de palmiers, des grenadiers, des oliviers, des orangers, des mûriers, des vignes et toutes sortes de légumes, en donnant la priorité aux espèces autochtones. Côté gîte, les meubles sont réalisés par des artisans locaux en matériaux recyclés. En cuisine, «nous valoriserons la gastronomie oasienne», assure Sarra El Idrissi.
La ferme a également un rôle pédagogique et expérimental. Elle a noué des conventions avec des écoles pour éduquer les enfants à l’agriculture durable. Une partie du terrain aussi peut être mise à disposition de chercheurs pour leurs travaux d’agronomie. Le projet a le soutien de la société civile de Gabès.
Même les scouts de Gabès y organisent parfois leurs campings.
Mais, l’impact le plus important est sans doute l’autonomisation des jeunes handicapés. «Travailler avec eux est très enrichissant. Ils ont tellement à nous apprendre et font preuve d’une motivation sans faille, bien supérieure à celle des “valides”. Ils prennent chaque tâche comme un défi», souligne Marwa Kaabi.
C’est cet enthousiasme qui pousse l’équipe à aller de l’avant. Parmi les projets futurs figurent un musée destiné à préserver le patrimoine agricole, ainsi qu’une extension du gîte sous forme d’écoconstruction.
Note :
1) Le projet «Emplois verts» est financé par l’Union européenne dans le cadre du PGE Gabès, à hauteur de 300.000€, et mis en œuvre par Handicap International, l’Union tunisienne d’aide aux déficients mentaux de Gabès (UTAIM), et l’Agence tunisienne de l’emploi et du travail indépendant (Aneti), sur une période de 24 mois (28/09/2016-27/09/2018).
Source: Newsletter du projet PGE-Gabès.
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