Dans une interview accordé récemment au journal ‘‘Sofoot’’, Bertrand Marchand, qui vient de résilier son contrat avec le Club africain (CA), analyse la situation du football tunisien et estime que l’afflux de joueurs tunisiens vers l’Arabie saoudite pourrait affecter le football de notre pays.
Revenant sur sa rupture avec le CA, le technicien breton, 64 ans, qui s’est fait un nom en Tunisie en remportant notamment la Ligue des champions 2007 avec l’Étoile sportive du Sahel (ESS), dit n’avoir pas obtenu des garanties pour prolonger.
«L’Espérance fait exception»
«Sportivement, la situation était bonne, puisque j’ai laissé l’équipe à la troisième place alors qu’elle était douzième à mon arrivée. Le Club africain va élire un nouveau président le 27 mai. La direction actuelle me proposait de prolonger, mais sans m’apporter de garanties sportives et financières suffisantes. Le Club africain a des problèmes financiers. Plusieurs joueurs ont déposé des dossiers à la Fifa, car on leur doit de l’argent. En juin, il y aura beaucoup de départs, car il y a une dizaine de joueurs en fin de contrat. Je ne voulais donc pas m’engager sans savoir où on allait», justifie Bertrand Marchand.
Evoquant les problèmes notamment financiers des clubs tunisiens, Bertrand Marchand parle d’une exception. «Les clubs, hormis l’Espérance Tunis qui est très solide et est gérée comme une entreprise, connaissent des difficultés financières plus ou moins importantes parce que les dirigeants manquent de rigueur financière. On fait signer des contrats à 500.000 euros par an à des joueurs qui ne les toucheront pas. Il n’y a pas de DNCG (direction nationale de contrôle de gestion en France pour auditer les clubs pros), pour vérifier les comptes», ajoute le technicien breton.
La Tunisie produit de moins en moins de joueurs
La sélection nationale est qualifiée pour la Coupe du monde, «mais il faut voir plus loin», car le football tunisien «produit de moins en moins de joueurs», dit-il. «Ce n’est pas forcément un manque de moyen. Et si on ne forme pas, on ne vend pas. Et sans l’argent des transferts, les clubs souffrent. La Tunisie devrait faire attention, d’autant que le foot est considéré comme un vecteur social important», explique le technicien français.
Et puis, un facteur extérieur menace le football tunisien… l’Arabie saoudite.
«Le Royaume autorise désormais que les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 alignent sept étrangers en championnat. L’hiver dernier, plusieurs Tunisiens sont partis là-bas. Et je ne serais pas étonné qu’il y ait un afflux massif l’été prochain. Là-bas, les joueurs vont gagner plus en ayant l’assurance d’être payés tous les mois… La Tunisie doit se méfier si elle ne veut pas connaître un creux de plusieurs années. Cela est arrivé à d’autres pays», alerte à juste titre le coach français.
En effet les joueurs tunisiens partiront à la première occasion, juste pour se faire du pognon, sans réfléchir à leur carrière. Une saignée qui va affaiblir davantage le football tunisien par la faute de plusieurs dirigeants incompétents.
H. M.
Club africain : Le limogeage de Bertrand Marchand est-il la solution ?
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