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Politique : Ennahdha à l’assaut de la police et de l’armée !

Abdellatif Mekki, le député Ennahdha, plaide pour la mise en place d’un système de nomination des hauts dirigeants sécuritaires et militaires qui passe par la validation de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

En marge de l’audition, hier, lundi 21 mai 2018, du colonel-major Hichem Meddeb, proche d’Ennahdha, M. Mekki, président de la commission de la sécurité et de la défense à l’ARP, a souligné, dans une déclaration aux médias, la nécessité de revoir le système de nomination des hauts cadres sécuritaires et militaires «pour leur permettre de travailler dans de bonnes conditions, en toute autonomie et loin des pressions».

Selon M. Mekki, les hauts cadres sécuritaires et militaires seraient choisis, sur la base de leur compétence et de leur cursus, par leurs pairs, réunis dans des commissions techniques, avant que leur candidature ne soit présentée à l’Assemblée pour validation.

Le Nahdhaoui a cité, à l’appui de sa proposition, la désignation des membres des instances constitutionnelles comme l’Instance Vérité et Dignité (IVD), la Haute autorités indépendantes de la communication audio-visuelle (Haica) ou encore l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), qui ont été choisis par l’Assemblée sur la base d’un vote.

M. Mekki a également ajouté que les nominations des hauts cadres sécuritaires et militaires dans de nombreux pays passent également par l’Assemblée.

Cet empressement du député nahdhaoui à défendre ce précédé de nomination qui est en nette contradiction avec le texte de la constitution, qui stipule que la police et l’armée sont des institutions républicaines neutres et indépendantes des partis, on peut voir, en filigrane, une volonté des islamistes d’imposer bientôt leur contrôle sur les deux seules instances échappant encore à leur emprise.

On ne peut ne pas penser, également, à la déclaration du président du parti islamiste, Rached Ghannouchi, qui s’était désolé, dans une réunion avec un groupe de salafistes, en 2012, du fait que ses «frères» soient au parlement et au gouvernement mais ne contrôlent pas encore la police et l’armée : «La police nous échappe car elle est liée en grande partie aux laïcs, alors que l’armée est loin d’être garantie», avait-il alors dit dans une vidéo fuitée et qui avait alors fait couler beaucoup d’encre.

En cherchant à donner à l’Assemblée, en grande partie contrôlée par les islamistes, la prérogative de nommer les hauts cadres militaires et sécuritaires, l’islamiste Abdellatif Mekki ne rassure guère quant aux desseins secrets de la smala islamiste.

 
Au contraire, on devrait être vigilant et s’en méfier beaucoup, d’autant que, dans la même vidéo fuitée, Rached Ghannouchi avait lancé aux salafistes : «Il faut faire preuve de patience et de sagesse», leur demandant de patienter, de faire oeuvre de prosélytisme et de travailler la société au corps… en attendant le jour J.

Les islamistes sentent-ils que ce jour J est déjà arrivé ?

Y. N.

Rached Ghannouchi doute-t-il de la loyauté de l’armée tunisienne ?

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