Le président du parti islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi a procédé, hier, samedi 2 juin 2018, à l’inauguration de Sandra Club, un hôtel halal situé à Hammamet, en présence de plusieurs dirigeants de son mouvement.
La cérémonie a précédé la célébration, dans ce même établissement, du 37e anniversaire d’Ennahdha, créé en 1981 sous la dénomination de Mouvement de tendance islamique (MTI).
Au-delà de l’événement, les professionnels du tourisme ont exprimé leur surprise voire leur colère de voir le chef d’un parti politique inaugurer un hôtel, qui plus est en présence de la commissaire régionale au tourisme de Yasmine Hammamet, Amel Guediche (sans doute mandatée par sa tutelle).
Amel Guediche, tout sourire, entre Ghannouchi et le propriétaire de Sandra Club.
Cela s’appelle mélange des genres et confusion entre Etat et parti, et rappelle aux Tunisiens la triste page de leur histoire où, sous la dictateur, un chef de parti est plus puissant que les ministres et donner même des ordres aux hauts cadres de l’Etat.
Certaines dérives sont graves et porteuses de menaces pour la jeune et fragile démocratie tunisienne.
Sur un autre plan, c’est quoi cet hôtel halal, islamiquement correct, dont Ghannouchi, dans son speech prononcé à l’occasion, a loué «l’attachement aux valeurs islamiques» ?
Tunisie: Les islamistes passent, le tourisme trépasse…
Réaction d’un grand professionnel du secteur : «La catégorie halal n’existe pas dans le classement officiel de l’hôtellerie tunisienne. Ne sont éligibles à la classification touristique que les établissements qui répondent aux clauses des cahiers des charges et aux normes officielles fixées. Pour être classé touristique de 1 à 5 étoiles, un hôtel se doit d’offrir des prestations et des services codifiés à l’échelle internationale dont notamment la présence de bars et de restaurants servant des boissons alcoolisées et l’accès libre aux espaces de loisirs (piscines, plage, discothèque, etc.) En l’absence de ce genre de prestations, tout promoteur est libre d’ouvrir son établissement mais ne peut prétendre à une classification touristique. Il devra se contenter de la ‘‘catégorie’’ NC ou Non Classé comme tous ses semblables notamment dans les centres urbains. Donc, Rached Ghannouchi a beau inaugurer des hôtels halal, il ne peut leur accorder une bénédiction touristique qui reste du ressort exclusif du ministère du Tourisme. D’ailleurs, ce ministère devrait faire preuve de vigilance pour que les hôtels ayant bénéficié des avantages de l’Etat ne se ‘‘hallalisent’’ et deviennent des ‘‘mosquées’’ déguisées où l’appel à la prière, dès l’aube, dominera les espaces d’animation touristique.»
I. B.
Hammamet: Sandra Club accueille un prêche de l’islamiste Saïd Jaziri
Médias : La radio pirate Al-Quran Al-Karim s’installe à Mornag
Donnez votre avis