Le chanteur tunisien Mounir Troudi a présenté son dernier projet musical ‘‘Bach on the bac’’, jeudi soir, 14 juin 2018, à l’Institut français de Tunisie (IFT), clôturant ainsi la série des rencontres culturelles «Sous les étoiles» organisée durant le mois de ramadan.
Par Fawz Ben Ali
Après ‘‘El Hadhra’’, ‘‘Ziara’’ et des collaborations de jazz avec des célébrités de la scène internationale comme le trompettiste français Erik Truffaz, Mounir Troudi revient dans un projet personnel expérimental où il embarque la musique baroque et classique dans des virées soufies, orientales, et tunisiennes.
Mounir Troudi, le jongleur des genres
Accompagné de la pianiste Sinda Elatri et de l’Orchestre méditerranéen de Tunisie, Mounir Troudi donnait ce soir-là son premier concert à l’IFT, un espace qui a vu défiler de jeunes artistes tunisiens underground durant le mois de ramadan comme Jawhar Basti ou encore Jihed Khmiri.
Pour finir en apothéose, la scène a accueilli le chanteur hors normes à la voix unique Mounir Troudi. Un large public était présent avant même l’ouverture des portes car ce spectacle intriguait et attisait la curiosité. En effet, revisiter Jean-Sébastien Bach et marier la musique classique aux chants liturgiques soufis et aux sons jazzy n’est pas une démarche habituelle.
‘‘Bach on the bac’’ a d’abord été présenté pour la première fois au Musée de Carthage dans le cadre de la 53e édition du Festival de Carthage (2017) puis dans les deux festivals de Sousse et d’El Jem.
Dans un cadre plus intimiste et moins conventionnel, celui des jardins de l’IFT, Mounir Troudi a d’abord laissé la place à la talentueuse pianiste tunisienne Sinda Elatri et aux musiciens de l’Orchestre méditerranéen de Tunisie qui a été créée avec la naissance de ce projet.
La soirée a commencé en douceur avec des extraits des meilleurs préludes, concertos et fugues de Bach. De l’autre côté de la cour, le jeune dessinateur Achref Messaoudi s’est amusé à crayonner des dessins inspirés de la musique jouée en live et qui apparaissaient en temps réel sur le grand écran placé au dessus de la scène.
Le voyage méditerranéen de Bach
«C’est comme un voyage imaginaire de Bach qui n’avait jamais mis les pieds en dehors de l’Allemagne», explique Mounir Troudi qui prenait enfin son micro après la première partie instrumentale du concert pour enflammer la scène avec sa voix et son timbre imposants et sa grande aisance dans l’interprétation des chants soufis mâtinés de jazz, qui façonnent son univers musical.
Mounir Troudi a rêvé ce projet comme un carnet de voyage méditerranéen de Bach récité par des Tunisiens. La sensibilité, le mysticisme et les fantasmes de Bach ont été mis en avant dans de nouveaux arrangements et de nouvelles mélodies sur des textes savamment écrits pour illustrer la vie personnelle et artistique de celui qui est considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands compositeurs de tous les temps, mais aussi sur des textes du poète mystique Mansur Al-Hallaj qui donnent une autre dimension et un nouveau souffle aux compositions sacrées.
La soirée était aussi l’occasion de réécouter les plus belles chansons du répertoire de Mounir Troudi qui ont marqué sa carrière et notamment sa fabuleuse reprise de ‘‘Rakeb al hamra’’ acclamée par le public, et qui était le moment fort de la soirée. Debout, le public chantait et dansait sous les étoiles célébrant en musique l’arrivée de l’Aïd Al-Fitr.
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