Harry Kane met dans les filet la balle renvoyée par Mouez Hassen.
Quel scénario dramatique pour la Tunisie, qui avait bien tenu le choc durant la majeure partie du match contre l’Angleterre, lundi, 18 juin 2018, à Volgograd, en Russie, avec aussi beaucoup de chance, avant de concéder la victoire sur une énième distraction en défense !
Par Hassen Mzoughi
Sumbergés par la peur de perdre et jouant à «neuf» – Ali Maaloul et Wahbi Khazri visiblement très en-deçà de leurs moyens – les Tunisiens ont beau resserrer la vis en seconde période en évoluant avec 6 défenseurs dont… Fakhreddine Ben Youssef, mais sans parvenir à conserver le précieux résultat de parité jusqu’à la fin du match. Ils se sont inclinés sur le fil (2-1), pour leur entrée dans le Mondial 2018. Comme l’Egypte et le Maroc il y a trois jours face respectivement à l’Iran et l’Uruguay.
Bousculés sur chaque coup de pied arrêté ou à chaque incursion côté gauche de leur défense, les Tunisiens sont à chaque fois tout près de craquer. Dès la deuxième minute de jeu, Mouez Hassen devait effectuer une parade décisive sur une frappe à bout portant de Lingard. Dans la foulée, Sterling, devant la cage vide, ratait complètement la précieuse balle de Lingard (4e) ! Une sacrée entame pour les Anglais qui se concrétisa rapidement par un but de Harry Kane (11’) sur un renvoi en catastrophe du même Mouez Hassen.
Face aux rushes anglais
Les coéquipiers de Naim Sliti vont toutefois sortir la tête de l’eau. Pour leur seconde balle dans la surface adverse et contre le courant du jeu, ils obtiennent un penalty sur une faute évidente sur Fakhreddine Ben Youssef transformé par Ferjani Sassi (35’). Mais ils étaient tout heureux de voir par la suite Syam Ben Youssef sauver sur sa ligne (39’) puis Lingard rater par deux fois la cible en tirant à côté (42’) et en touchant le poteau juste avant la pause (44’).
Le but de Ferjani Sassi sur penalty: une brève éclaircie puis plus rien.
Les Tunisiens souffraient moins en seconde période mais les Britanniques poussaient encore leur harcèlement. Marcus Rashford, rentré à la place de Raheem Sterling (68’), a davantage compliqué la tâche des Tunisiens qui cédaient, une seconde fois, sur une nouvelle erreur de marquage et toujours au second poteau, sur un corner conclu de la tête par Kane (1-2, 90e+1), laissé étrangement libre de toute surveillance.
Cruel pour la Tunisie qui jouera déjà gros samedi prochain, 23 juin, face à la Belgique, vainqueur 3-0 du Panama hier lundi.
Pourquoi avoir aligné Ali Maaloul et Wahbi Khazri ?
Pour faire la différence, les Anglais avaient battu les Tunisiens à l’usure en les faisant courir derrière la balle.
Les coéquipiers de Sterling avaient pris le jeu à leur compte, acculant leurs vis-à-vis à la défensive. À subir le plus clair du temps, et à concéder forcément quelques largesses sur le repli, la couverture et le marquage. La rentrée de Ben Amor pour jouer à cinq derrière dans le but de décrocher un point n’a pas apporté le résultat escompté.
Les Anglais ont évolué à l’aise surtout en première mi-temps, période au cours de laquelle ils avaient pris définitivement l’ascendant sur les Tunisiens, même s’ils avaient été rejoints au score à un but partout.
Au cours de cette période initiale, puis lors de la seconde, ils avaient tellement pressé que les Tunisiens étaient constamment contraints au repli, y compris Fakhreddine Ben Youssef, Naim Sliti et Anice Badri, abandonnant la moitié de leur zone aux Anglais et Wahbi Khazri à l’errance.
En l’absence d’un danger adverse, les arrières anglais n’hésitaient pas eux aussi à monter jusqu’à l’entrée de la zone de réparation tunisienne.
A l’instar de Naim Slim, l’attaque était quasiment absente.
Une erreur corrigée par autre
Mais l’équipe de Tunisie a perdu la bataille pour une erreur fondamentalement fatale. En faisant jouer Ali Maaloul et Wahbi Khazri, pas en totale possession de leurs moyens, le sélectionneur tunisien avait «offert» une chance inouïe aux Anglais. Comme on l’a tous constaté, l’Angleterre a axé son jeu offensif sur la zone occupée par Ali Maaloul et obtenu plusieurs opportunités dans ce secteur. L’arrière gauche a eu énormément de mal à contrôler les courses des attaquants des Three Lions dans son couloir. Il aura été le maillon faible. Nabil Maaloul l’a tout de même gardé tout le long du match.
Ensuite, on ne comprend pas pourquoi il a aligné l’attaquant de Rennes. Est-ce juste parce qu’il a «tenu» à le faire jouer contre les Anglais, après l’avoir préservé pendant presque un mois, pour en faire sa principale carte offensive?
Khazri n’a rien pu faire, au bonheur des Anglais qui n’avaient plus à tenir aucun attaquant. Au lieu de le remplacer dès la pause, Maaloul a attendu la 86e minute pour faire entrer Saber Khalifa à sa place. Une erreur corrigée par une autre erreur en somme !
Harry Kane, au second poteau, reprend de la tête dans les filets de Ben Mustapha, figé sur sa ligne.
L’audace de changer a manqué
L’équipe de Tunisie a raté son match important face aux Anglais, faute de choix audacieux. Nabil Maaloul aurait du se débarrasser d’un certain attachement à des noms et tenter l’effet de surprise en lançant Saber Khalifa ou Bassem Srarfi en attaque, mettre Hamdi Naguez à droite de la défense pour faire le piston offensif, et titulariser Oussama Haddadi sur le flanc gauche en tant qu’arrière fixe.
Le sélectionneur tunisien devra opérer (courageusement) des changements pour équilibrer une équipe de Tunisie qui nous paru trop défensive, à la limite trop guindée devant l’Angleterre. Il aura aussi à soigner le moral touché de l’équipe.
Il faudra désormais beaucoup d’audace, de rigueur et de sérieux (et peut être aussi la baraka de Cheikh Nabil Maaloul !) pour remonter la pente face à une équipe de Belgique encore plus redoutable que l’Angleterre, avec une attaque tout feu tout flamme.
Compositions des deux équipes:
Tunisie : Mouez Hassen (Farouk Ben Moutapha 11’), Dylan Bronn, Syam Ben Youssef, Yassine Meriah, Ali Maaloul, Fakhreddine Ben Youssef, Ellyes Skhiri, Ferjani Sassi, Anice Badri, Wahbi Khazri (Saber Khalifa84’), Naim Sliti (Amine Ben Amor 73’).
Angleterre : Pickford, Trippier, Walker, Stones, Maguire, Young, Henderson, Lingard (Dier 90+3), Alli (Loftus-Cheek 80‘), Sterling (Rashford 68’), Kane.
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