Noureddine Taboubi et ses serviteurs de Nidaa Tounes: silence on complote !
Se prenant pour un faiseur de roi, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’UGTT, la centrale syndicale, ameute la classe politique pour tenter un coup d’Etat institutionnel et faire voter une motion de défiance à l’égard du chef du gouvernement Youssef Chahed, pas trop soumis à ses diktats.
Par Chedly Mamoghli *
Dans son édition d’hier, mercredi 20 juin 2018, le quotidien arabophone ‘‘Le Maghreb’’ nous apprend que le marathon des rencontres et des consultations entamé par Noureddine Taboubi ces dernières semaines, s’est accéléré depuis ce lundi et qui englobe tous les partis politiques (à l’exception d’Ennahdha et du parti Al-Moubadara) et toutes les organisations nationales, dans le but de parvenir à avoir 73 signatures parmi les députés afin de présenter une motion de censure contre le gouvernement et de garantir 109 voix afin que la motion aboutisse et que le gouvernent tombe.
En effet, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) reçoit dans le siège de la centrale syndicale tous les partis même les micro-partis et les partis insignifiants qui n’ont qu’un ou deux députés ou ceux qui sont proches de certains députés. La liste y est dans l’article.
Pour Taboubi, Chahed est fini et doit s’en aller
Hier, M. Taboubi a reçu une délégation de Nidaa Tounes (conduite par Hafedh Caïd Essebsi, Ridha Charfeddine, Néji Jalloul, qui était il n’y a pas très longtemps persona non grata Place Mohamed Ali, et Mongi Harbaoui). Il a décliné l’invitation qui lui a été adressée par le chef du gouvernement samedi et refuse de le voir. Il se fait désirer et refuse également toutes les médiations qui ont pour objet d’organiser une rencontre entre lui et M. Chahed. Pour lui, ce dernier est fini, il ne le considère plus comme chef du gouvernement et s’attelle méthodiquement et scrupuleusement à mener à bien son projet de coup d’Etat institutionnel visant à faire tomber le gouvernement et évincer son chef.
Et la majorité écrasante des partis politiques et des parties prenantes du jeu politique marchent dans ses combines. C’est l’union sacrée: UGTT, Nidaa Tounes, Front populaire, autres partis politiques, les orphelins de Chafik Jarraya qui en veulent à Chahed pour l’arrestation de leur maître, les lobbys derrière Lotfi Brahem qui n’ont pas digéré et ne digéreront pas son éviction et certains propriétaires de médias animés seulement par l’affairisme et les magouilles qui servent leurs intérêts personnels.
Tout ce beau monde a mis sa main dans celle de l’UGTT afin de faire tomber le gouvernement le plus tôt possible. Déjà que l’UGTT est hégémonique («mitghawala»), en agissant de la sorte, ils renforcent davantage son hégémonie. Ils sont en train de nourrir l’ogre et après ils se plaignent que l’UGTT soit plus puissante que l’Etat.
Noureddine Taboubi dans le rôle du chef d’Etat, le chef d’un Etat à la dérive…
Un coup d’Etat institutionnel en préparation
Ce Taboubi a dépassé toutes ses limites. Pour qui se prend-il? D’un côté, il empêche Youssef Chahed d’engager les réformes économiques vitales pour redresser le pays, le sortir de cette crise et de cette morosité et d’un autre côté, il lui dit de foutre le camp car il n’a rien fait. Donc déjà, il est culotté, il empêche les gens de travailler et après il leur dit de dégager car ils n’ont rien fait. Ensuite, il fait preuve de népotisme en parachutant son fils à la SNDP Agil sans aucun concours, contrairement à tous les enfants du peuple, et il le bombarde secrétaire général du syndicat de base de cette société alors qu’il n’a aucune expérience et aucune ancienneté, alors que des gens plus anciens que lui méritent ce poste. Et maintenant, il fait fi du président de la république; il se comporte comme si le chef du gouvernement n’existerait plus et il nous concocte ce coup d’Etat institutionnel pour débarquer M. Chahed et nous ramener un autre.
Qui est vraiment ce Taboubi? Qui l’a mandaté? Personne ne l’a élu pour décider à la place du peuple de ce qui doit être fait et ce qui ne doit pas l’être. Il se comporte comme le maître incontestable du pays aidé en cela par une classe politique d’opportunistes, de peureux et de lâches qui le craignent et craignent l’UGTT et donc ne le rappellent pas à l’ordre. Pire! Ils vont le solliciter et se prosterner devant Sa Majesté pour opérer les changements à la tête de l’Etat.
Admettons que ce coup d’Etat institutionnel aboutisse, celui qui va remplacer M. Chahed pourra-t-il faire quelque chose? Bien sûr que non! Ça sera ou bien une marionnette de l’UGTT ou bien si c’est un individu qui voudra réformer, M. Taboubi le rappellera à l’ordre en lui rappelant que c’est à l’UGTT qu’il doit sa place.
L’UGTT dicte son diktat depuis 2011, ce qui doit être fait et ce qui ne doit pas être fait, bloque le pays depuis cette date en faisant barrage aux réformes en nous bassinant avec son dogmatisme et ses lignes rouges. Elle le fait par égoïsme afin de protéger les privilèges et les intérêts de la caste syndicaliste embourgeoisée, cette caste ne veut pas des privatisations à titre d’exemple afin de préserver les privilèges de sa progéniture et des siens. Si les entreprises publiques finissent par être privatisées, ils ne pourront plus y placer d’office leurs enfants. Fini le népotisme! Ils seront logés à la même enseigne que tous les autres enfants du peuple.
Noureddine Taboubi reçoit (à quel titre ?) Me Nizar Boujlel, le coordinateur des 50 avocats ayant déposé une plainte contre Youssef Chahed.
Une caste embourgeoisée totalement irresponsable
Malheureusement, faute d’honnêteté et de courage, les gens et les responsables les laissent faire et le pays pendant ce temps supporte les caprices et paye les pots cassés de cette caste embourgeoisée totalement irresponsable.
Une caste composée d’individus qui se prennent pour des vaches sacrées et qui se croient intouchables. Or nul n’est sacré et nul n’est intouchable. Et personne parmi le commun des mortels n’est puissant, il n’y a pas de puissants. Il y a ceux qui se croient puissants et plus ils se croient puissants, plus il faut être intraitable avec eux et plus il faut les contrarier. Il n’y a que le Tout-Puissant, en l’occurrence Dieu.
Il faut être conscient de ce qui est en train de se tramer et de se magouiller, le dénoncer et tenter de le faire capoter. Il ne faut pas ni par indifférence (ce qui est de la lâcheté à l’égard de la Tunisie) ni part crainte de l’UGTT (ce qui est une autre forme de lâcheté) se taire et laisser faire. L’opinion publique doit se dresser contre ce projet et remettre chacun à sa place.
* Justice.
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