Comme Bourguiba en 1987, Caïd Essebsi est un président sous influence.
L’entretien télévisé du président Béji Caïd Essebsi avec Nessma TV, diffusé ce soir, dimanche 15 juillet 2018, a été conforme à ce qu’on attendait : une grosse manipulation politico-médiatique cousue de fil blanc.
Par Imed Bahri
Tout a été mis en place, jusqu’au tournage de l’entretien chez le président et en l’absence de la plupart de ses conseillers, sauf peut-être de son conseiller politique, Noureddine Ben Ticha, l’artisan de cette opération avec Nabil Karoui et l’homme d’affaires Kamel Eltaief, qui n’ont jamais digéré le limogeage de l’ex-ministre de l’Intérieur, Lotfi Brahem, où ils voyaient, ces deux-là, un potentiel nouveau Zine El Abidine, leur ancien patron.
Les deux journaleux de service ont tout fait pour orienter la réflexion du président de la république et à le pousser à désavouer le chef du gouvernement, à le critiquer à demi-mot, à lui faire assumer l’entière responsabilité de la crise dans le pays et, finalement, à lui demander ouvertement de démissionner ou d’aller solliciter de nouveau la confiance du parlement.
La couleuvre est trop grosse et il n’est pas sûr que les Tunisiens vont pouvoir l’avaler, ni les députés non plus, car même si Chahed va commettre l’erreur d’aller au parlement, ce qu’il ne fera sans doute pas, rien ne garantira aux petits manœuvriers d’un soir, les petits Abdelwaheb Abdallah de service, d’atteindre leur objectif.
Il convient de préciser que l’entretien, qui devait être diffusé simultanément par les chaînes Wataniya 1 et Al-Hiwar Ettounsi, ainsi que par la radio Mosaïque FM, n’a finalement été diffusé que la chaîne des frères Karoui. Les autres médias ont préféré prendre leurs distances d’une opération louche, d’autant que M. Karoui a refusé de leur donner la version originale et complète de l’entretien… sans doute censuré et monté.
Autre remarque importante: le président Caïd Essebsi nous a semblé un homme diminué et sous influence, otage de son entourage. Il ressemble de plus en plus à son idole, Bourguiba, à ses derniers jours au palais de Carthage: une marionnette aux mains de marionnettistes qui n’ont décidément pas retenu la leçon de l’Histoire.
En s’entretenant avec Nessma, Caïd Essebsi s’assoie sur la loi et la morale
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