(Ph. Festival de Hammamet).
Pour sa première venue à Hammamet, Protoje a proposé un concert de haute volée combinant titres issus de son nouveau projet « A Matter of Time » et morceaux tirés de ses précédents albums, le tout devant un public qui a activement participé à la réussite de ce concert.
Par Seif Eddine Yahia
C’est un théâtre quasiment remplie qui a accueilli Protoje pour sa première venue en Tunisie ce mardi 17 juillet 2018. Dans la foule, plusieurs groupes de fans du chanteur ont permis à la salle de plus facilement entrer dans l’univers du chanteur.
Un drapeau du «Lion of Judah», ancien étendard du royaume d’Ethiopie et symbole adopté par la communauté rasta, flottait dans les premiers rangs du théâtre en plein air, pour rappeler que le reggaeman était clairement en terrain favorable.
Pour rappel, Protoje est, depuis 2010, une des figures de proue de la nouvelle scène reggae en Jamaïque. Il s’est fait rapidement connaitre sur la scène internationale par ses collaborations avec Ky-Mani Marley ou avec Don Corleon, célèbre producteur jamaïcain (derrière le tube « Break it Off » de Sean Paul et Rihanna) et cousin de Protoje. Depuis, le reggaeman a tracé son chemin et a sorti quatre albums accueillis favorablement tant par la presse spécialisée que par le public. Le dernier en date, « A Matter of Time » est sorti en juin dernier, et c’est aussi pour le défendre sur scène que Protoje et son groupe sont actuellement en tournée mondiale.
Un public en ébullition avant même l’arrivée du chanteur
Comme il l’avait promis dans l’interview qu’il nous avait accordés, Protoje a mélangé des titres de son dernier album à ceux de ses trois précédents opus, dans un concert pendant lequel l’artiste et son groupe ont transmis des bonnes vibrations à une assemblée hétéroclite de novices et de fans de l’artiste.
Protoje & The Indiggnation ont fait vibrer le public du théâtre de plain air.
Le début du concert s’est fait sans Protoje, qui souhaitait mettre ainsi en avant son talentueux groupe de musiciens. Sur « I&I », la formation comprenant un batteur, un bassiste, deux guitaristes (accompagnement, et lead) et un clavier (synthétiseurs et Vocoder) a lancé les hostilités et le public a clairement suivi. C’est donc sous un tonnerre d’applaudissements que Protoje et ses 2 choristes sont entrés sur scène pour le morceau « Flames ».
Sens de la scène et amour du public
La suite des morceaux a été l’occasion pour Protoje et son groupe de montrer l’étendue de leurs talents : orchestration entraînante, interactions multiples avec le public, charisme assez impressionnant et une capacité pour le chanteur et ses choristes à occuper la scène qui n’a laissé personne indifférent.
L’interprétation de « Criminal » a été un des grands moments du concert en termes d’ambiance. Des enfants de 5 ans aux quelques grands anciens présents, tous se sont levés pour danser, applaudir et échanger avec l’artiste : un de ces moments de communion qui nous font vraiment aimer ce festival.
De danseur sur « Criminal », le public est ensuite devenu choriste sur les refrains de « Like This ». Plus le concert avançait et plus l’entente entre le chanteur et son audience grandissait.
Une gestion maîtrisée des aléas techniques
Tout allait donc pour le mieux dans ce concert où Protoje, a enchaîné ses classiques comme « Sudden Flight » ou « Rasta Love », un de ses premiers tubes en collaboration avec Ky-Mani Marley, fils du grand Bob.
Mais au moment d’interpréter un des meilleurs morceaux de son dernier album, « Mind of A King », le groupe a fait face à ce qui fait le sel du live : les problèmes techniques. Le morceau a en effet été interrompu à deux reprises en pleine performance.
La musique qui se coupe de manière inexpliquée, laissant les artistes seuls face à leur public, cela pourrait en faire paniquer plus d’un, mais avec l’expérience qui est la sienne, Protoje a réussi à tourner la situation à son avantage en interprétant un morceau quasiment a capella lors de la première coupure et à multiplier les selfies lors de la deuxième interruption. Deux interruptions assez courtes qui n’ont finalement pas eu d’incidence sur le rythme du concert.
Moment d’échange avec le public (Ph. Festival de Hammamet).
La suite du concert a continué de transporter le public vers d’autres sphères en reprenant « no Guarantee », « Camera Show » ou « Blood Money », morceau dans lequel il revient sur les maux qui rongent la société jamaïcaine.
Les trois dernières chansons du concert ont encore fait monter la température de quelques degrés, le point culminant étant sans doute l’interprétation de « Hail Rastafary », où Protoje a fièrement arboré le drapeau tunisien alors que tout le monde dansait sur «One, two, three, the Holy Trinity». Un vrai moment d’échange comme on les aime dans ce genre de festival.
Pendant un peu plus d’une heure, Hammamet était jumelée à Kingston, grâce notamment aux nombreux fans de Protoje présents dans les tribunes. Ces derniers ont réussi à décomplexer le reste de l’audience et à faire en sorte que ce concert de Protoje soit un vrai moment de partage et de communion.
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