La vénérable députée du Courant démocratique (Attayar) Samia Abbou est à bout de civisme, de sérénité, et d’objectivité…
Par Tarak Arfaoui *
La star de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui, dans la vie civile, défend avec ardeur la veuve et l’orphelin du fait de sa profession d’avocate, s’est malheureusement transformée dans l’hémicycle en un véritable pourfendeur déchaîné de tout ministre appelé à se justifier devant les commissions parlementaires.
Jouant à fond le rôle que lui confère son statut d’élue du peuple, celui de législateur – contrôleur – vigilant, et naturellement emportée par une fougue qu’elle a manifestement du mal à maîtriser dans son paraître et son élocution de chamailleuse, elle ne s’empêche pas de profiter à fond de la liberté d’expression et de son immunité parlementaire pour transformer ses interventions à l’Assemblée en des réquisitoires-inquisitions sur fond de clowneries, faisant fi de toutes les règles de pondération et de bienséance et mettant à mal la patience de ses interlocuteurs.
Les preuves que Mme la députée ne cesse d’agiter dans sa main sont parfois foireuses et frisent le ridicule; et la présence de la télévision, donc du public, qui va la visionner, est certainement l’une des principales raisons à ses emportements hystériques.
L’acharnement de Mme Abbou à dénoncer les dérapages de l’ancien système dont elle a été victime, il faut bien le reconnaître, et surtout à dénoncer la corruption et les abus, l’a malheureusement poussée à des dérapages indignes de sa condition de femme engagée et de son statut d’honorable députée.
Arriver à insulter quel que soit le grief contre les ministres, le président de l’Assemblée, et même manquer maintes fois totalement de respect au président de la république, est tout simplement malsain. Ceci est d’autant plus malsain que ses attaques sont tout à fait partisanes et bien ciblées. Certains ministres sont manifestement à l’abri des ses fougues et on ne l’a jamais entendue faire un quelconque réquisitoire contre les ministres d’Ennahdha par exemple, malgré toutes leurs insuffisances et les casseroles qu’ils traînent. On ne l’a jamais entendue s’emporter contre les dérives passées de la Troïka, la coalition gouvernementale conduite par Ennahdha, qui a (mal) gouverné le pays de janvier 2012 à janvier 2014.
Ce n’est pas à force de vociférations comme un marchand de tapis, ni de gesticulations tout azimut ni de déclarations ridicules comme celles à la veille d’attentats terroristes meurtriers (la fameuse «El irheb fazzaa», ou le terrorisme est un épouvantail) qu’elle va gagner la sympathie des Tunisiens ni régler les problèmes économiques et politiques du pays.
De grâce, Mme Abbou, délaissez votre populisme primaire, ayez plus de respect envers vos interlocuteurs en débattant avec plus de pondération et de pertinence et soyez plus honnête et équitable dans vos interventions, vous aurez plus de considération.
La violence verbale est l’arme des petites gens, l’arme des gens qui n’ont pas d’arguments.
* Médecin de libre pratique.
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