Selon le président de la république, Béji Caïd Essebsi, le mouvement Ennahdha a certes toujours un référentiel religieux, mais il est en train d’évoluer vers un parti politique civil.
Dans un discours prononcé aujourd’hui, lundi 13 août 2018, à l’occasion du 62e anniversaire de la Fête nationale de la femme tunisienne, au Palais de Carthage, le chef de l’Etat a indiqué qu’Ennahdha est un acteur majeur et important de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) puisque son bloc parlementaire, composé de 68 députés, est le premier avant celui de Nidaa Tounes (56).
«Ennahdha joue un rôle fondamental dans la prise des décisions au sein de l’Assemblée. La preuve a été donnée, le 28 juillet dernier, lors du vote pour combler le poste vacant de ministre de l’Intérieur. Ce jour-là, sur ses 68 députés, 66 ont voté pour le nouveau ministre de l’Intérieur. Cela veut donc dire qu’Ennahdha joue un un grand rôle», a-t-il déclaré, tout en soulignant qu’il a été personnellement contrarié de voir que le parti de Rached Ghannouhi a émis certaines réserves sur les propositions de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), et notamment celle concernant l’égalité dans l’héritage entre l’homme et la femme.
Le président Caïd Essebsi, qui admet qu’Ennahdha a un référentiel religieux, estime que ce mouvement est en train d’évoluer vers un parti civil et rappelle, à ce propos, que la Constitution de 2014, qui stipule l’égalité entre l’homme et la femme, a été votée par ce même parti, qui plus est à une très confortable majorité.
Aussi M. Caïd Essebsi a-t-il formé le souhait de voir les députés d’Ennahdha voter pour le projet de loi relative à l’égalité successorale qu’il s’apprête à proposer au parlement en sa qualité de gardien de l’application de la constitution.
Il convient cependant de rappeler, à ce propos, que plusieurs dirigeants d’Ennahdha, dont certains ne font pas mystère de leur extrémisme religieux, ont fermement dénoncé les propositions de la Colibe, estimant qu’elles sont en contradiction avec les préceptes de l’islam.
Ce qui laisse peu d’espoir de voir réalisé le souhait de M. Caïd Essebsi : Ennahdha n’a jamais été un parti civil et il ne le sera jamais. Il gardera toujours son inspiration religieuse et la Constitution qu’il a votée en 2014, en reculant et dos au mur, est, aux yeux de ses membres, un simple torchon à côté du texte de la charia, le seul qui compte pour eux.
Il faut dire que le débat suscité par le rapport de la Colibe a obligé Ennahdha, un parti réputé pour sa duplicité, son double langage et ses mensonges récurrents, à faire tomber le masque. Et c’est tant mieux ainsi, les opportunistes, qui nous ont longtemps rebattu les oreilles à propos de l’évolution d’Ennahdha, auront plus de mal désormais à justifier leurs capitulations.
E. B. A.
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