Le coup d’envoi de la 13e session du Festival du Jazz à Tabarka a été donné dans la soirée du dimanche 26 août 2018, sur la scène du nouveau Théâtre de la Mer, en présence des autorités régionales et d’un public nombreux qui a pris d’assaut les gradins du théâtre de plein air.
C’est l’artiste concertiste Yasmine Azaiez qui a ouvert le bal, accompagnée d’Omar El Ouaer au clavier et de Mohamed Abdelkader Haj Kacem aux percussions, alors que la deuxième partie de la soirée a été assurée par le groupe Jazz Oil.
La soirée a tenu toutes ses promesses, en présentant des aspects saisissants de l’évolution de la musique jazz en Tunisie.
Cette année, grâce au soutien du ministère du Tourisme et de l’Artisanat, de la participation pour la première fois du ministère des Affaires culturelles et du parrainage des sponsors (STB, MG, Lilas…), le nouveau comité d’organisation a tenu toutes ses promesses en proposant une édition certes minimaliste et sans grosses vedettes internationales, mais tout aussi intéressante.
Le défi était de taille, à la fois acoustique, logistique et artistique : investir le nouveau Théâtre de la Mer, proposer une programmation de qualité et convaincre les festivaliers d’investir ce nouveau pôle.
L’inspiration débridée de Yasmine Azaiez
L’équipe du festival avait imaginé ce lieu vibrant et bouillonnant, afin d’honorer le jazz et ses musiques sœurs dans la fête. Et le public était, comme d’habitude, au rendez-vous avec Yasmine Azaiez, qui a meublé la première partie de la soirée.
Avec sa grâce et son énergie, et portée par un duo de musiciens au clavier et aux percussions, la virtuose du violon a ouvert son concert avec un morceau instrumental tiré de son album ‘‘Fusion’’, une très belle entrée avec des sonorités aériennes merveilleusement exécutées par des instrumentistes talentueux.
Yasmine s’est lancée ensuite dans un enchaînement de morceaux aussi remarquables les uns que les autres, en les revisitant, à chaque fois, avec un zeste d’improvisation débridée, l’inspiration venant à la fois de son propre feeling que de l’âme du lieu respirant la paix et la bonté en cette nuit estivale.
Ce fut une prestation qui mêle des compositions personnelles de l’artiste avec des morceaux tirés du patrimoine musical tunisien que Yasmine a réarrangés à sa manière jazzy, à l’instar de ‘‘Djerba’’ de Ridha Kalai, ‘‘Samra’’ de Hedi Jouini ou encore le grand standard de jazz de Duke Elligton, ‘‘Caravan’’, où elle se révèle également chanteuse au swing parfait.
Grâce à ce mélange des sonorités de l’Occident et du Moyen-Orient, fait de nuances et d’improvisations, Azaiez a fait dialoguer les musiques du monde, qui ont fusionné dans un patchwork, alliant tradition et modernité, inédit et familier à la fois.
Jazz Oil réinvente de jazz oriental
La deuxième partie de la soirée a été assurée par le groupe Jazz Oil, dirigé par le compositeur et bassiste Slim Abida et Nidhal Jaoua, célèbre joueur de qanun.
Le public a savouré le concert ‘‘Lemma’’, du nom de leur album, et les choix artistiques qui donnent à Jazz Oil une identité et une couleur musicales particulières.
Les morceaux présentés, en l’occurrence ‘‘Jounoun’’, ‘‘Lemma’’, ‘‘Souvenir’’, ‘‘Tounes’’ ou ‘‘Paris’’, ont jeté, eux aussi, une passerelle entre l’Orient et l’Occident, entre le jazz et les musiques arabes dans leur diversité, grâce à une alchimie inattendue entre les sons de la basse et ceux du qanun, proposant une nouvelle technique de jeu.
Ce fut une soirée agréable et qui annonce la nouvelle démarche du Tabarka Jazz Festival, consistant à innover et à surprendre par des propositions inédites, qui interpellent le public et suscitent son engouement.
I. B. (avec communiqué).
Tabarka Jazz Festival reporté : Déceptions et interrogations
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