Youssef Chahed entre le marteau du FMI (Christine Lagarde) et l’enclume de l’UGTT (Noureddine Taboubi).
La Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI) seraient en désaccord sur la date du versement de la 4e tranche d’un prêt accordé par l’institution financière mondiale à notre pays validé depuis près de deux mois…
Par Marwan Chahla
L’issue de ces négociations difficiles décidera du virement de cette tranche de 250 millions de dollars, accordée à notre pays dans le cadre du programme d’aide global de 2,9 milliards de dollars étalé sur quatre années et signé en mai 2016, en contrepartie de réformes économiques.
Des réformes qui tardent à être mises en route
L’accord entre Tunis et le FMI sur le décaissement de cette 4e tranche déterminera également si oui ou non notre pays peut sortir, en septembre, sur le marché international pour l’émission d’un emprunt obligataire d’une valeur d’1 milliard de dollars.
Si le FMI donne, aujourd’hui, l’impression de se raviser quelque peu sur ce décaissement déjà approuvé, c’est notamment en raison des retards pris par les réformes économiques que notre pays s’est engagé à mettre en œuvre. Lors de l’octroi de son feu vert pour cette tranche, début juillet dernier, le conseil d’administration du FMI avait pris le soin de rappeler les termes du prêt de mai 2016.
L’organisation internationale soulignait alors que «le programme de réformes du gouvernement tunisien vise à affermir la reprise en réduisant les déséquilibres macroéconomiques, en assurant une protection sociale adéquate et en encourageant la création d’emplois par le secteur privé.»
Le même communiqué précisait aussi que «des réformes propices à la croissance et soucieuses de la dimension sociale contribueront à réduire les déficits budgétaire et courant, à inverser l’accumulation de la dette, ainsi qu’à accroître l’investissement et les dépenses sociales.» Une nouvelle fois, le Fonds avait également insisté sur le fait que «la politique monétaire doit continuer d’être axée sur la maîtrise de l’inflation.»
Depuis presque deux semaines, une délégation du FMI est sur place à Tunis pour discuter des moyens de solutionner le problème d’une facture énergétique plus élevée que prévu, soit un montant d’1 milliard de dinars supplémentaires.
Dernière visite de Lagarde à Tunis, en janvier 2018.
La patience de l’organisation mondiale s’amenuise
Jusqu’ici, le Fonds a été indulgent envers la Tunisie dans les décaissements des tranches du prêt, notamment en reconnaissance des mérites et de la réussite de transition démocratique depuis 2011, mais cette patience de l’organisation mondiale semble s’être amenuisée ces derniers temps…
Déjà, en début d’année, les Etats-Unis se sont abstenus de voter pour une révision de prêt et, actuellement, tous les trois mois, le FMI passe en revue les progrès économiques réalisés par notre pays…
Selon l’expert en économie Ezzeddine Saïdane, «le FMI est devenu plus strict dans ses négociations avec la Tunisie et a fait clairement comprendre que le déboursement de la 4e tranche du prêt ne sera effectué que si les termes de cet accord sont satisfaits.»
Ainsi, entre le marteau du Fonds et l’enclume d’une Union générale tunisienne du travail (UGTT), toujours obsédée par ses «lignes rouges infranchissables» (pas de gel des salaires, pas de privatisation d’entreprises publiques, etc.) et animée par un populisme sans borne, la marge de manœuvre du gouvernement de Youssef Chahed se rétrécit chaque jour encore plus et les «réformes douloureuses» qu’impose la crise économique profonde sont toujours reportées.
Le gouvernement Chahed pourrait décider d’augmenter les prix de l’essence et de l’électricité et faire face ainsi à la montée de la grogne sociale, mais cette prise de risque ne garantirait pas, selon Ezzeddine Saïdane, l’obtention à temps de cette 4e tranche du prêt du FMI. Avis de tempête…$
FMI : Hausse des risques pour la stabilité macroéconomique en Tunisie
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