Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), monte sur ses grands chevaux et décrète une grève générale qui sera observée, menace-t-il, dans 90% des établissements et entreprises publics.
Le dirigeant syndicaliste a indiqué, dans une déclaration aux médias, mardi 4 septembre 2018, que la commission administrative de la centrale syndicale se réunira demain, jeudi 13 septembre, pour prendre les décisions nécessaires concernant cette cessation de travail.
M. Taboubi a également expliqué que cette grève sera décidée principalement en raison de la politique de temporisation adoptée par le gouvernement d’union nationale vis-à-vis des revendications des salariés du secteur public. Selon lui, le gouvernement cherche à affaiblir ce secteur important de l’économie tunisienne, en réduisant la qualité de ses services, en lui refusant les financements dont il a besoin et en condamnant à l’échec toute négociation sociale.
Dans un autre contexte, le secrétaire général de l’UGTT a estimé que Taoufik Rajhi, ministre chargé des Grandes réformes, ne sait que saboter et détruire, sans préciser les griefs qu’il a contre ce dernier.
M. Taboubi revient donc à la charge pour tenter de faire destituer le gouvernement Chahed, projet auquel il oeuvre depuis plusieurs mois. Le timing n’est pas anodin: il survient quelques jours après le limogeage de Khaled Kaddour, l’ex-ministre de l’Energie, que l’UGTT proposait pour le remplacement de Chahed.
Il survient, également, après la rencontre, hier matin, avec le président de la république, Béji Caïd Essebsi, lui-même manigançant pour accélérer le départ de Chahed. De là à penser que le chef de l’Etat lui aurait suggéré cette montée au créneau, il y a un pas que beaucoup d’observateurs feront sans peine.
L’escalade survient, également, après une rencontre entre M. Taboubi et le président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui lui aurait réitéré l’opposition de son mouvement au projet de changement du gouvernement, qui plus est, à 15 mois des élections législatives et présidentielles dont l’organisation requiert un minimum de stabilité, notamment gouvernementale. Ce qui explique aussi la saillie, inexplicable, de M. Taboubi contre M. Rajhi évoquée plus haut.
Qui pense réellement à la stabilité de la Tunisie et aux intérêts vitaux des Tunisiens ? Ce ne sont sans doute pas Caïd Essebsi, père et fils, et les dirigeants de l’UGTT, et tous ceux qui, comme eux, sont en train de mettre le feu dans un pays déjà presque à genoux, et qui vit grâce à l’aide des bailleurs de fonds internationaux.
E. B. A.
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