Alerte météo ? Ce concept, s’il existe en Tunisie est malheureusement occulté comme le sont les alertes à la pollution ou les alertes relatives au trafic sur les routes.
Par Tarak Arfaoui *
Nos ingénieurs météo semblent bien roupiller à l’Institut national de la météorologie (INM), bercés par le rythme du radar qui tournicote sur le toit de l’institution. Ce sont sans aucun doute des ingénieurs compétents mais ayant malheureusement pris le pli de la nonchalance ou de l’indifférence qui s’est abattue sur le pays.
Un bulletin météo quotidien monotone
Ce qui s’est passé ces derniers jours au Cap Bon était un phénomène très bien prévisible. Une alerte a été partagée sur internet quelques jours auparavant par différents organes européens dont les services de météo italiens mais personne n’en a tenu compte au niveau national. Aucune alerte digne de ce nom n’a été lancée, juste des bulletins habituels et, en tout cas, non alarmistes, pour la simple raison qu’il ne semble pas exister de procédure d’alerte météo ou qu’elle est négligée.
La léthargie et l’amateurisme des services météo tunisiens laissent vraiment à désirer et l’exemple de cette nonchalance ambiante est représentée par le bulletin météo quotidien sur la chaîne Wataniya 1, un chef d’œuvre de médiocrité à l’image de tout ce qui se passe dans le pays.
Nous nous sommes habitués à la litanie du sieur Mehrez Ghannouchi, ci-devant ingénieur en chef qui, bien guindé dans son costume taillé sur mesure, nous débite tous les jours et invariablement d’une voix monotone tel un robot les aléas du temps dans notre pays. Les dépressions, anticyclones isobars et mouvements des perturbations, ailleurs très explicites sur une carte, ne semblent pas être sa tasse de thé.
Tous les jours, été comme hiver, les 4 saisons se succèdent sur la Tunisie et le téléspectateur est perdu entre les «souhob abira» (nuages passagers), «khalaya raadia» (cellules orageuses) et «riyah janoubi charkia» (vents de sud-est)…
Les tentatives d’égayer la morosité du bulletin par une présentatrice à la plastique avenante n’ont rien servi puisque le contenu n’a pas changé d’un iota.
Un anticyclone télévisuel indigeste
Je me demande quel intérêt pour les téléspectateurs, qui ne sont pas analphabètes, de leur débiter quotidiennement toutes les températures des différentes villes du pays du nord au sud. Quel intérêt pour nous Tunisiens à nous assommer avec les températures quotidiennes de Nouakchott, Khartoum ou des «Aradhi Mokaddessa» (Terres saintes)? Et le comble, que viennent faire les heures de prières dans un bulletin météo?
Les alertes météos bien codifiées selon une échelle de gravité croissante n’ont pas droit de cité en Tunisie. Il suffit de regarder les bulletins météo de quelques chaînes européennes où tout est clair, concis, scientifique, expliqué d’une manière simple, dynamique, claire, parfois avec légèreté et humour, pour mesurer le fossé qui nous sépare dans l’art de communiquer.
Toute la médiocre mise en scène du bulletin de la Wataniya ou le superflu le dispute à l’insuffisance n’a que trop duré et il est grand temps de donner un grand coup de balai dans cet anticyclone télévisuel indigeste. Une petite tempête serait la bienvenue.
* Médecin de libre pratique.
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