L’ancien ambassadeur Sahbi Basly a commenté l’entretien télévisé donné lundi dernier par le président de la République Béji Caïd Essebsi à la chaîne El Hiwar Ettounsi. Il n’y va pas par quatre chemin…
Tout en estimant que M. Caïd Essebsi aurait pu faire l’économie d’un tel entretien en ce moment parce qu’il «ne possède pas toutes les cartes en mains pour apporter des solutions radicales à la situation politique du pays qui perdure depuis près d’une année», il a constaté que ce dernier «n’était pas à l’aise, plutôt nerveux, hésitant… et même ses références historiques n’ont pas été judicieuses et appropriées». Bref, M. Caïd Essebsi «ne rassure plus… il n’est plus le refuge de tous les Tunisiens…» Son erreur a été d’avoir «pris part à la bataille» et d’avoir «choisi son camp». Traduire : dans le conflit opposant le chef du gouvernement Youssef Chahed et le directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, il a choisi de se ranger dans le camp de ce dernier.
L’autre grave erreur de M. Caïd Essebsi est de n’avoir pas réagi à temps pour régler la crise au sein du parti qu’il avait fondé en 2012 et qui a commencé à montrer des fissures dès 2013. Et ce n’est pas faute d’avoir été averti «quant à cette issue inéluctable de Nidaa Tounes dès 2013 par de nombreux patriotes dont moi même a titre personnel puis publiquement», écrit-il. Ce qui explique, selon lui, la distance que de nombreux acteurs politiques de premier ordre ont pris vis-à-vis de Nidaa Tounes, qui était, par ailleurs, «envahi par de nombreux opportunistes».
Tout en estimant que le président Caïd Essebsi a fait le bon choix en nommant Youssef Chahed à la tête du gouvernement, «car il fallait changer de génération politique». Et puis, ce dernier «a eu l’intelligence d’apprendre vite les rouages du pouvoir», et il est «connu et apprécié dans les régions, ce que ses prédécesseurs n’ont pas fait… ou n’ont pas pu faire». Mieux encore : «il semble avoir le courage et la fougue nécessaire pour son travail… le verbe franc… la décision rapide… le réflexe du décideur… même s’il lui arrive de se tromper parfois… qui ne le fait pas?».
M. Basly rappelle au président de la république, qui veut pousser M. Chahed à la démission pour satisfaire un caprice de son fils, que «la stabilité sociale, économique et politique de la Tunisie… nécessite une continuité dans l’exercice du pouvoir même si ce gouvernement d’union nationale – votre produit – n’a jamais été efficace», et d’enchaîner : «Monsieur le Président, vous êtes le gardien du temple et celui de la constitution tunisienne, alors que le pays approche d’une échéance électorale importante dans moins d’un an… il est de votre devoir encore une fois de rester au dessus du lot… et concentrer vos efforts à la préservation de la cohésion nationale et de l’unité de tous les Tunisiens sans exclusion aucune… Le pays a besoin de votre sagesse, de votre expérience et de votre lucidité, je sais que vous pouvez le faire, vous aviez déjà réussi, rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps, lorsqu’on était tous autour de vous, les premières élections démocratiques en Tunisie et une passation de pouvoir magistrale en octobre 2011 saluée par le monde entier! Alors. Si Béji, si vous pouvez encore le faire, faites le…le peuple sera reconnaissant.»
I. B.
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