Il y a comme un parfum d’espoir en Tunisie suite à la condamnation de Borhen Bsaies à deux ans de prison ferme pour emploi fictif. Un emploi pour lequel il a tout de même perçu la bagatelle de 198.000 dinars tunisiens au sein de l’entreprise de télécommunications Soletel.
Par Wael Mejrissi
Cette décision de justice résonne comme un coup de tonnerre qui sonne la fin de la récréation pour les puissants de la République tunisienne.
Rappelons que Borhen Bsaies est en charge des dossiers politiques au parti de Nidaa Tounes après avoir été l’un des fervents défenseurs de la dictature d’avant la révolution de 2011 et, surtout, l’un des mieux rémunérés d’entre eux.
Est-ce la fin de l’impunité pour les corrompus ?
La Tunisie sous ses airs de république bananière serait-elle en train de connaître sa mue tant attendue et si nécessaire pour éradiquer ce mal absolu qu’est la corruption à tous les étages de la société et, ses corollaires dans les Etats de non-droit, l’omerta et l’impunité?
Le verdict prononcé à l’encontre du conseiller du directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caid Essebsi, va en tout cas dans le bon sens et envoie un signal très positif au justiciable lambda.
Toute société démocratique commence par une justice indépendante où tous les citoyens sont égaux devant la loi.
La Tunisie n’est pas encore à ce stade de maturité démocratique mais entre les poursuites judiciaires à l’encontre de Chafik Jarraya, l’un des barons de la corruption et de la contrebande, le limogeage de l’ex-ministre de l’Energie, Khaled Kaddour, et d’autres hauts responsables de l’Etat, pour suspicion de corruption dans le secteur dont il avait la charge, et maintenant la condamnation de Borhen Bsaies, le citoyen a de bonnes raisons de se réjouir lorsque la guerre contre la corruption marque des points, en espérant de la voir demain reculer un tant soit peu. Car il est inadmissible de voir la classement de la Tunisie dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International reculer de plusieurs rangs après la révolution de 2011, qui a été déclenchée, rappelons-le, entre autres, pour mettre fin à ce fléau.
La justice tunisienne va-t-elle retrouver son honneur perdu ?
Reste à savoir si cette sentence a des enjeux qui nous dépassent ou si c’est la loi de la république tunisienne qui s’est exprimée avec toute la sévérité voulue par le peuple. Ce peuple n’ayant pas fini de régler ses comptes avec les intouchables qui ont confisqué la démocratie et les richesses du pays.
L’avenir nous dira si ce jugement cache des dessous occultes, comme le soupçonnent certains en parlant de règlements de comptes politiques, ou si c’est vraiment le début d’une nouvelle ère dont les retombées politiques vont inévitablement profiter au chef du gouvernement Youssef Chahed et à sa politique de lutte contre la corruption.
La prison doit être la demeure de ce funeste personnage qu’est Borhen Bsaies qui a défrayé la chronique politique et judiciaire. Il aura tout de même fallu sept longues années pour qu’une condamnation définitive tombe enfin à l’encontre de celui qui avait l’oreille de Zine El Abidine Ben Ali et qui émargeait sur ses générosités, ce qui en dit long sur le chemin qui reste à parcourir par la justice tunisienne, aujourd’hui très décriée par la population, pour recouvrer sa crédibilité et son honneur perdu. Mais comme nous avons coutume de le dire, mieux vaut tard que jamais!
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