Le Cercle Kheireddine organise une rencontre-débat sur le thème : «50 ans d’aménagement du territoire en Tunisie : équivoques passées, indécisions actuelles et enjeux futurs», le samedi 6 octobre 2018 à partir de 9h 30 au siège de l’Utica, à la Cité El Khadhra, à Tunis.
Au lendemain des indépendances (1956-1962), la Tunisie a été l’un des pays qui ont le plus rapidement mené des actions concrètes prenant en compte les interrelations entre économie, société et territoire.
Le rapport de l’UGTT (1956), le programme «Perspectives décennales», puis le colloque de Zarzis avaient jeté les bases de la nécessité d’associer visions économiques et actions territoriales, afin d’entraîner l’ensemble de régions du pays dans le processus de développement.
Avec plus ou moins de succès, les années 60 ont posé les bases d’un développement régional à travers l’implantation de «pôles industriels régionaux», actions qui se sont avérées insuffisantes.
Prenant conscience du creusement des «inégalités territoriales», l’Etat a pris l’initiative de lancer le premier «Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT)» (1982-84), expression d’une réponse politique forte (et officielle), traduisant une préoccupation publique majeure quant à la nécessité de trouver des solutions pour conjurer les menaces de «déséquilibre régional» annoncées pour le début du siècle prochain.
Le choix simple (simpliste?) était de savoir si on acceptait une concentration sur le littoral avec le risque d’aggraver les disparités, ou si on devait créer les conditions permettant une diffusion dans les régions des équipements, infrastructures et investissements privés, toujours à travers la promotion des villes intérieures.
En 1995 est signé le Traité d’association avec l’Union européenne (UE) puis en 1998, la zone de libre échange (ZLE). La période clé du second SNAT (ou SDATN) est donc 1995 qui marque un deuxième tournant libéral mais qui va bien au-delà du précédent, puisque cette fois le fil directeur n’est plus interne mais externe. Cette fois, il s’agit d’un SNAT à finalité opérative. Les aménageurs n’ont pas à définir l’option de développement du pays; leur travail est d’assurer la traduction spatiale des options décidées par les autorités politiques.
En l’occurrence, la question posée était claire: Comment intégrer la Tunisie dans une zone de libre-échange avec l’Europe, tout en évitant la marginalisation des populations et des zones désavantagés?
Mettant en valeur à la fois les conséquences de la politique économique sur le territoire, la rencontre-débat du Cercle Kheireddine s’efforce de poser et de tenter de répondre aux questions suivantes : Qu’a-t-on fait des instruments d’aménagement du territoire (les SNAT, les SRAT…) ? Pourquoi les nombreuses propositions qu’ils ont présentées n’ont-elles pas été suivies d’effets ? Les causes sont-elles liées à la gouvernance politique ? Au manque de moyens ? Aux difficultés de mise en œuvre, compte tenu du caractère transversal de l’aménagement du territoire ?
Autres questions : Que faire pour rattraper les retards en évitant de confondre différences et déséquilibre ? Aller à l’encontre des logiques du marché ou opérer des compensations ? Comment assurer la cohésion sociale face à l’accélération des mutations économiques ?
À partir de ces éléments, cette rencontre-débat tentera de capitaliser les apports des conférenciers et du public afin de tirer les enseignements pour une vision réaliste du développement territorial au cours des décennies à venir.
Parmi les intervenants, on annonce Ahmed Smaoui, membre du Cercle Kheireddine, géographe- urbaniste, ancien ministre du Tourisme, du Transport et des Affaires sociales, qui modérera le débat, Taieb Houidi, géographe, urbaniste, directeur du bureau d’études Dirasset, et Mahmoud Ben Romdhane, professeur émérite en économie, membre de l’Académie des sciences, des lettres et des arts-Beit El Hikma, et ancien ministre du Transport et des Affaires sociales.
Source : communiqué.
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