Ph. Mohamed-Hammi (Sipa).
Le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, a promis une loi de finances 2019 plus sociale et une diminution des taxes. Ce sont les deux principales orientations ui ont été retenues par le projet de texte ui sera présenté à l’approbation de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Par Meriem Majdoub
Depuis la crise économique de 2011, la Tunisie a dû faire face à de nombreux plans de rigueur imposés par le FMI qui ont rendu la vie difficile à des millions de ménages. La pauvreté a grimpé dans tous les pays, à tel point que les manifestations et les épisodes de contestation violente se sont multipliés. D’où les deux orientations retenues…
Huit années de plans de rigueur et de hausse des taxes
En 2011, la Tunisie a également participé à ce que l’on a rapidement baptisé le printemps arabe. Elle a d’ailleurs été parmi les seuls pays à démocratiser davantage ses institutions et cela lui a valu la bienveillance de la communauté internationale. Cependant, cette bienveillance a été accompagnée de l’intervention du FMI.
Le FMI a alors recommandé et imposé de multiples plans de rigueur que l’État a immanquablement fait retomber sur les contribuables. Ainsi, les taxes ont énormément augmenté. Rien qu’en 2018, le gouvernement a voté une augmentation des taxes sur les appels téléphoniques, Internet, les véhicules de particuliers, l’hôtellerie, l’alcool et bien d’autres services.
Une réforme plus douce
Quand le Premier ministre a annoncé une réforme des finances pour 2019, il a alors été obligé de promettre qu’aucune augmentation des taxes n’était prévue, pas même sur les crypto-monnaies, et que les particuliers pouvaient être assurés qu’aucune augmentation du coût de la vie ne serait à déplorer.
Au contraire, le gouvernement a prévu, avec cette réforme, d’alléger les charges fiscales jusqu’à un quart pour les entreprises dans de nombreux secteurs. Les domaines concernés sont le textile, la technologie, l’ingénierie, et les produits pharmaceutiques. Les diminutions attendues se trouvent entre 13,5 et 25%. Ce projet a été présenté lundi 15 octobre à la Commission des finances et il devra être accepté par l’Assemblée du peuple le 10 décembre prochain.
Une réforme pour le travail
Dans cette loi proposée par le gouvernement tunisien, on reconnaît clairement les influences et les conseils du FMI. En effet, s’il entame une telle réforme, c’est bien parce qu’il espère en obtenir une croissance du PIB de 3,1 % au lieu des 2,6 % prévus pour 2018 et des 1,9 % enregistrés pour l’année 2017.
Cependant, cette loi ne manque pas de détracteur qui y voit, encore et toujours, le spectre de ces organisations monétaires internationales qui favorisent toujours la croissance du PIB, un indice pourtant limité dans sa perception du réel, au bonheur des citoyens d’un pays. Ainsi, partout dans le monde, si les PIB grimpent, la pauvreté également. Justifier une loi sur la croissance n’est donc pas forcément le plus judicieux, même si cela servira à calmer temporairement le peuple.
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