La société Gif Filter a réussi à gagner en fluidité et se porte plutôt bien, malgré quelques nuisances en cours de règlement au niveau du terrain où est bâti son siège et de la persistance des ventes au marché parallèle, mais c’est là un problème dont souffrent beaucoup d’industriels en Tunisie.
Par Zohra Abid
Ce qui fait le succès de la société, c’est surtout sa présence à l’échelle internationale traduisant la volonté du Groupe Loukil d’étendre son savoir-faire et ses activités au-delà des frontières, tout en offrant des services compétitifs et à forte valeur ajoutée.
Un problème juridique et foncier à régler
Voilà ce qui a été souligné, lors de la communication boursière de la société, tenue jeudi 11 octobre 2018, au siège de la Bourse de Tunis, sous la houlette du Pdg du groupe Loukil, Bassem Loukil, son directeur général adjoint, Walid Loukil, en présence du directeur général de Gif Filter, Adel Bahrouni, et Helmi Jemour, directeur ‘Transition d’entreprise’ du groupe Loukil.
Bassem Loukil.
Bassem Loukil a parlé, sur une note optimiste, du processus de restructuration, de mise à niveau et d’élargissement de la gamme des produits de cette société rachetée depuis un peu plus de 5 ans. «Certes, il n’y a peut-être pas suffisamment d’informations sur Gif Filter. Mais je vous assure, la société se porte bien. Nous savons ce que nous faisons et nous déployons tous nos efforts pour faire évoluer la société. Nos partenaires, dont la PSA, sont aujourd’hui satisfaits. Nous avons cependant un obstacle juridique de taille. Il s’agit de la situation du terrain agricole non régularisé depuis 1981. Nous avons été surpris par cette défaillance soulevée après le rachat de la société», a-t-il précisé.
Le Groupe Loukil a, selon lui, tout fait pour régulariser la situation de ce terrain, qui est compliquée. «N’empêche que l’entrée d’étrangers dans le capital de la société n’est pas encore possible puisque le terrain sur lequel est construite l’usine est à vocation agricole», a-t-il ajouté.
De bonnes perspectives à l’export
Au niveau de la situation financière, il n’y a aucun souci car le carnet des commandes de 2019 est déjà rempli. Et pour répondre à la demande, le conseil de la société a même décidé de renforcer ses équipes.
Les équipes de Gif Filter travaillent sans faire beaucoup de bruit. Aussi faut-il se méfier des «fake news» propagées par ceux qui cherchent à faire baisser le cours des actions de la société, a encore averti M. Loukil, car, rassure-t-il, Gif Filter est en évolution permanente et continue de diversifier ses produits et ses marchés. «Nous allons également lancer bientôt, avec un important opérateur africain, une plateforme à Abidjan pour couvrir notamment le Sénégal, le Burkina, le Ghana… Nous avons lancé, il y a 3 mois, une chaîne de montage et on a déjà des commandes pour l’Afrique subsaharienne et la Libye. Nos prochains marchés, avec des commandes petites mais récurrentes, seront en Libye et aussi en Algérie, où nos produits sont sollicités. C’est, certes, un marché difficile mais intéressant», explique M. Loukil.
Adel Bahrouni a, de son côté, passé en revue la situation de la société dont les clignotants sont en vert et le chiffre d’affaires en hausse constante. «L’avenir de Gif Filter est rassurant et prometteur, rien que par les contrats signés avec notamment les donneurs d’ordre étrangers. Avec la conjoncture actuelle, cette tendance est à 45% positive», a-t-il dit.
Selon lui, le business plan 2018-2020 est en cours de réalisation. La part de l’export est passée de 24% en 2018 à 40% en 2020. Ce qui renforce la capacité de l’entreprise à financer son plan d’investissement. «L’augmentation du CA prévue à fin 2018 est de 10% par rapport à 2017. Pour l’Ebitda, ce sera le double en 2018 et le point mort sera presque atteint», ajoute M. Bahrouni.
Evoquant ensuite la structure de l’endettement de Gif Filter, il a estimé que la société a une bonne assise financière et que le gearing (ratio de la dette financière et bancaire nette sur les capitaux propres de l’entreprise) est maîtrisé. Ce bilan positif est dû au savoir-faire des équipes, à la maîtrise de la qualité des produits et à une écoute constante des besoins des utilisateurs des filtres à air, des lubrifiants et des carburants de haute qualité destinés à tous types de moteurs, a encore expliqué M. Bahrouni.
Le marché parallèle, encore et encore…
La présence du Groupe Loukil à l’échelle internationale traduit donc sa volonté d’étendre son savoir-faire au-delà des frontières en offrant des services à forte valeur ajoutée, mais la part des ventes locales, même si elle se tient bien, reste affectée par, notamment, les nouvelles franchises ouvertes ces dernières années et, surtout, par le marché parallèle où tous les types de filtres sont vendus en pacquage.
«Le consommateur ne change pas très souvent les filtres de son véhicule. Et quant il le fait, il est attiré par le prix et non par la qualité. Il y a aussi les mauvais payeurs. Malgré tous les problèmes de ce genre, on reste sur le marché local et on garde notre part de marché, tout en restant attentifs à la demande à l’étranger. Notre portefeuille s’étend aujourd’hui à l’Europe, l’Algérie, au Maroc, à la Libye, la Côte d’Ivoire, au Togo, et à d’autres pays», a tenu à rappeler Bassem Loukil, tout en soulignant l’investissement de Gif Filter dans la préservation de l’environnement, d’autant que son site est érigé sur un domaine agricole.
Le respect de l’environnement est un engagement
La société, certifiée ISO 14001, s’est, en effet, engagée en faveur de l’environnement dès sa création. «Cette certification couronne les mesures mises en place pour minimiser l’impact de l’activité de l’entreprise sur son environnement. Cela concerne notamment le traitement des eaux, la gestion des déchets et la maîtrise de la consommation énergétique et des ressources naturelles, et ce en développant des filtres facilement recyclables et en renforçant les mesures de sécurité», explique M. Loukil.
Me Mohamed Zaanouni, avocat du Groupe Loukil a fait le point sur l’affaire du terrain agricole où est érigé le siège de la société. Il a évoqué les difficultés de la topographie de l’entreprise achetée sur un terrain à vocation agricole. «Nous avons réussi, vers la fin de 2016, à faire décréter son déclassement pour devenir un terrain à vocation industrielle. On est déjà à 75% de la superficie, mais le travail se poursuit. Il est compliqué et harassant, car il a fallu retrouver les familles propriétaires, qui ne sont pas dans la zone. D’ici la fin de l’année, on espère arriver à clôturer ce dossier», a-t-il conclu.
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