En matière de bonne gouvernance, l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inclucc) doit donner l’exemple en améliorant ses pratiques et en rompant avec certaines habitudes et facilités prises dans le pays depuis 2011.
Par Nadia Chaabane *
Je suis toujours sidérée de voir les Ong et parfois même les services de l’Etat dépenser des fortunes en organisant leurs conférences, débats et différentes formations dans des grands hôtels. Alors qu’au même moment tout le monde parle de bonne gouvernance, de lutte contre le gaspillage…
Mais là je suis encore plus que surprise c’est de découvrir que l’Instance nationale de lutte contre la corruption (Inclucc), qui fait par ailleurs du très bon boulot, fasse le même choix en organisant une journée à Sousse pour l’application de la loi 46 -2018 concernant la déclaration de patrimoine. L’initiative est excellente mais le choix du lieu me laisse dubitative.
Nous avons plusieurs milliers de mètres carré de bâtiment public (maisons de jeune, maisons de la culture…) qui disposent, pour une partie, de ce qu’il faut pour accueillir séminaires, colloques et autres conférences, mais ils sont ignorés alors que les utiliser moyennant une petite participation financière permettrait à ces différentes structures de mieux entretenir leurs bâtiments et de développer des activités de proximité.
Certains hôtels ont fait fortune avec les séminaires et colloques en tous genres, j’espère qu’ils payent au moins des impôts à la hauteur de ces gains et que tous leurs salariés sont déclarés.
Bien sûr, ces rencontres et séminaires sont financés par des soi-disant fonds d’aide au développement ou à l’accompagnement des transitions démocratiques, mais quel gâchis ! Des milliards ont été ainsi engloutis, depuis la révolution, et continuent à l’être.
Que l’on ne s’y méprenne pas. J’étais parmi les constituants qui ont défendu la constitutionnalisation d’une instance indépendante pour la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.
Ce billet se veut juste un appel à l’instance pour améliorer ses pratiques et rompre avec certaines habitudes et facilités prises dans le pays depuis 2011 et que je déplore.
C’est mon attachement à cette structure qui motive ma démarche et mon exigence, je la veux exemplaire.
* Constituante.
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