Le député Yassine Ayari ne cache plus son antisémitisme. Il l’a crié sous la coupole de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), aujourd’hui, lundi 12 novembre 2018, à l’occasion du vote de confiance au gouvernement Chahed III.
Par Imed Bahri
Il y a quelques jours encore, Yassine Ayari n’assumait pas son racisme, il le cachait, il le camouflait.
C’était un antisémitisme qui ne portait pas son nom. Faute d’assumer son antisémitisme, il inventait des histoires à dormir debout. Faute d’assumer son rejet de la nomination d’un citoyen tunisien de confession juive au gouvernement, il disait hypocritement qu’elle n’était pas acceptable car ce dernier possède une entreprise.
La mémoire sélective de l’antisémite
Comme par miracle, il ne s’est rappelé de la possession d’une entreprise que par René Trabelsi. Par contre, sa mémoire sélective a oublié ce détail quand Selma Elloumi Rekik – femme d’affaires de son état –, celle qui a précédé M. Trabelsi au portefeuille du Tourisme, est entrée au gouvernement ou quand la semaine dernière elle a été nommée ministre-directeur du cabinet du président de la République, poste plus important que celui d’un ministre dans le gouvernement. Il l’a oublié quand Mehdi Ben Gharbia – homme d’affaires de son état – était devenu ministre. Il l’a oublié quand beaucoup d’islamistes ont fait leur entrée aux gouvernements successifs ces dernières années alors que beaucoup d’entre eux possèdent des entreprises en Tunisie et à l’étranger.
M. Ayari a aussi jugé que M. Trabelsi était «nul», lui M. Ayari, grand génie du haut de sa colline distribue par on ne sait quel critère les bons et les mauvais points. Quel bel homme!
À vrai dire, il n’est pas le seul à inventer des procès d’intention à M. Trabelsi car il possède une entreprise ou bien car il n’est pas bardé de diplômes comme si les diplômés qui se succèdent depuis des années avaient fait quelque chose pour le pays alors que nous savons tous qu’il y a, et à la pelle, des diplômés qui ne maîtrisent ni l’arabe, encore moins le français et que leur valeur intrinsèque ne vaut pas grand chose.
L’antisémitisme refoulé en public de M. Ayari
Au passage quel est le niveau du génie M. Ayari? En tout cas, toutes les «raisons» sont bonnes à inventer pour attaquer M. Trabelsi car il est de confession juive mais sans jamais avouer cette raison. Sauf que mal a pris à M. Ayari et il s’est auto-piégé en prononçant la phrase suivante à l’adresse de Youssef Chahed en réaction à la nomination de M. Trabelsi : «Et pour finir, vous nous ramenez un ministre nul connu pour son appartenance sioniste. Vous n’avez qu’à changer sur le drapeau tunisien l’étoile rouge par l’étoile de David (symbole de la religion juive et en aucun cas du sionisme, Ndlr), peut-être qu’ils seront contents de toi et qu’ils te laisseront gouverner». Qui «ils» ? Mystère et boule de gomme.
L’antisémitisme refoulé en public de M. Ayari jaillit en pleine séance plénière de l’Assemblée. Cet antisémitisme là, si répugnant et si hypocrite a toujours existé. Les Français connaissent et dénoncent souvent un certain antisémitisme ancien et bien enraciné chez eux, l’antisémitisme maurrassien (par référence au journaliste, homme politique et poète nationaliste ouvertement antisémite). Et bien chez nous, il y a aussi un antisémitisme bien de chez nous, qui existe chez une bonne partie de nos concitoyens, qu’ils arborent en privé mais ils aiment bien camoufler en public. Sauf que des fois, ils se dressent sans le vouloir et cet antisémitisme jaillit en public comme c’est le cas de M. Ayari.
M. Ayari incarne cet antisémitisme bien présent, bien ancré et qui a évolué de nos jours et contamine de plus en plus les petites gens et les générations montantes en les biberonnant de thèses complotistes qui mélangent tout à savoir judaïsme, sionisme (mouvement extrémiste dangereux et xénophobe) et franc-maçonnerie (alors qu’ils ignorent ce que c’est la franc-maçonnerie). Bref, un cocktail détonnant de démagogie, de bêtise, de xénophobie qui traduit l’inculture et l’arrogance de ceux qui portent ce discours abject.
Yassine Ayari fera appel en justice contre la nomination de René Trabelsi
Recours en justice contre l’entrée de René Trabelsi au gouvernement
René Trabelsi : «Je suis Tunisien et je n’ai pas la nationalité israélienne»
Donnez votre avis