La maison d’hôtes de Abdelhamid Ben Abdallah, l’homme d’affaires propriétaire de la chaîne télévisée privée Tounesna, située à El Haouaria (Nabeul), a fait l’objet d’un ordre de démolition émis par les autorités sur la base d’une décision de justice, et n’a aucun lien avec la… liberté d’expression.
Selon une source auprès de la municipalité, la construction est illégale puisqu’elle a été construite sur un terrain appartenant, en partie, à l’Etat et que des habitants de la zone ont porté plainte en justice contre le propriétaire et ont eu gain de cause.
La police municipale a procédé à la démolition de la construction le plus légalement du monde, en application d’une décision de justice et avec l’accord de la gouverneure de Nabeul, assure la même source.
Cela a été démenti par Me Wafa Chedly, chroniqueuse sur cette chaîne (juge et partie ?), qui a assuré, hier soir, mardi 13 novembre 2018, sur le plateau de cette même chaîne, que l’opération de démolition vient dans le cadre de pressions exercées par les autorités sur la chaîne pour museler les journalistes et réduire leur liberté d’expression. La chroniqueuse dit même avoir consulté le dossier de l’affaire, en sa qualité d’avocate, et affirmé que l’ordre de démolition est illégal et a été annulé par la justice.
Khalil Rekik, journaliste de cette chaîne privée, a, pour sa part, menacé, sur le même plateau, d’alerter la Fédération internationale des journalistes (FIJ), pour dénoncer le harcèlement dont seraient victimes ses collègues.
«Monsieur le ministre de l’Intérieur, vous êtes responsable de ce que nous endurons, nous sommes harcelés au quotidien, mais sachez que la liberté d’expression est une ligne rouge», a-t-il lancé, sur un ton menaçant.
Les autorités locales assurent, quant à elles, que cette démolition a été effectuée dans le cadre de la loi (article 69-2016) et qu’il n’y a aucun lien entre la ligne éditoriale de la chaîne et cette affaire tranchée par la justice.
M. Ben Abdallah n’a pas le droit de prendre possession des terres domaniales et de construire illégalement une maison d’hôtes pour l’exploiter à son profit personnel. «Être propriétaire d’une chaîne de télévision n’autorise pas à outrepasser la loi», commente un voisin, qui dénonce les abus et les passe-droit que s’autorisent ceux qui se croient puissants. Et d’ajouter : «La liberté d’expression a bon dos, dès que l’application de la loi dérange, certains n’hésitent pas à l’utiliser comme bouclier… trop facile et, surtout, trop malhonnête».
Y. N.
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