À l’occasion du quarantième anniversaire de la parution de ‘‘L’orientalisme’’ d’Edward Said (1978-2018), le programme de Coopération académique de la Fondation Rosa Luxemburg organise un colloque international intitulé «Orientalisme d’Edward Said, 40 ans après».
Ce colloque organisé en collaboration avec le laboratoire Recherche sur les Lumières, la Modernité et la Diversité Culturelle de l’Université Tunis El-Manar et le laboratoire Philab de l’Université de Tunis, aura lieu du 10 au 12 décembre 2018, à l’Hôtel Golden Tulip El-Mechtel, à Tunis.
Au cours de ces trois jours, un groupe de chercheurs tunisiens, arabes et étrangers participera avec des interventions sur ce célèbre livre et autres travaux d’Edward Saïd, qui continuent à nous influencer. Le but est d’interagir de manière critique avec ces écrits et discuter le regard des orientalistes envers l’histoire islamique du début jusqu’à l’avènement de «l’État islamique» en passant par les révolutions arabes, et la personnalité de Saïd lui-même, avec ce qu’il représente comme valeurs et les causes qu’il a adoptées au cours de sa carrière.
Le symposium associe des chercheurs de diverses cultures et disciplines, allant de la littérature à l’histoire, en passant par la philosophie et la sociologie. Les interventions seront présentées en trois langues: arabe, anglais et français, mais une traduction instantanée est assurée par les organisateurs.
Argumentaire
Edward Said a été placé par divers experts parmi les pionniers des études postcoloniales. Son livre ‘‘Orientalisme’’ (1978) fut examiné comme la mise de la première pierre, fondatrice de toute son œuvre ultérieure dans les domaines de la littérature, de la culture et de la politique de domination coloniale. Toutes les critiques s’accordent à le lire comme le seuil qui a inauguré l’analyse scientifique de la représentation occidentale de l’«altérité orientale», analyse qui a impacté divers intellectuels et a donné lieu à une multitude de contributions africaines, asiatiques et même latino-américaines dans le renouvellement d’une pensée décoloniale.
Edward Saïd peut aussi être perçu ici comme l’un des agents fondateurs de la révolution intellectuelle internationale, vécue lors de l’avènement de «la pensée post-structuraliste», orientée vers une vision éthique de la représentation de la différence et de la légitimation des «petits récits».
Revisiter ‘‘Orientalisme’’ qui fait date 40 années après sa publication, a pour but de ré-examiner, d’une part, sa pertinence pour mieux saisir les turbulences géo-politiques et culturelles actuelles ainsi que les débats multidisciplinaires qu’elles ont engendrés; et d’autres part, de fournir de plus fraîches perspectives à la critique académique qui lui été réservée. Les idées «pour» et «contre» ont souvent été débattues.
Cependant, le conflit israélo-palestinien, l’invasion de l’Irak, l’attaque des tours à New York, ce qui se passe en Syrie, dans diverses régions du continent africain ainsi que la «guerre anti-terreur globale», n’ont fait que compliquer la situation, ce qui ouvre le livre de Saïd à de nouveaux débats au-delà du colonialisme et de l’impérialisme classique.
La validité d’‘‘Orientalisme’’ nécessite, donc, une nouvelle lecture. Le choc des civilisations impose un ré-examen de la problématique de la religion, en vue de sa mise au premier plan d’un débat aux implications «désorientantes» que nous pouvons anticiper.
Est-il possible aux experts en sciences humaines et sociales aujourd’hui de poser une nouvelle pierre pour inaugurer une ère «post-orientaliste» durable qui réorienterait les rapports internationaux vers un avenir prometteur, pensé comme l’ébauche d’un processus basé sur des communications transculturelles éthiquement durables? Ce symposium international est opportun, en ce sens que les participants seront invités à relire ‘‘Orientalisme’’ en le plaçant de nouveau au cœur des circonstances charnières globales que nous subissons.
Parmi les intervenants, on annonce Abdennebi Ben Beya (coordinateur du colloque), Habib Sidhom, Tayseer Abu Odeh, Chantal Zabus, Soumaya Mestiri, Mounir Saidani, Jamil Chaker, Abdelaziz Labib, Thaer Ali Deeb, Salah Mosbah, Hajer Ben Driss, Tahar Labassi, Mohsen El Khouni, Mokdad Arfa, Moktar Kraiem, Hayet Amamou, Nabil Cherni, Salwa Karoui-Elounelli, Mohamed Turki, Hamid Dabashi…
Source : communiqué.
Donnez votre avis