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JTC 2018 : Coup de projecteur sur le théâtre palestinien

La 20e édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC 2018) rend hommage au théâtre palestinien de résistance et à ses figures. La Palestine a toujours été présente dans les JTC, depuis leur création en 1983, mais cette année, elle en est invitée d’honneur.

Par Fawz Ben Ali

La cérémonie d’ouverture donnée samedi dernier, 8 décembre 2018, à la Cité de la Culture, à Tunis, a déjà été dédiée à ce théâtre qui survit malgré tout; on a ainsi vu la pièce ‘‘Retour en Palestine’’ qui a été suivie d’un récital des deux poètes Tamim Barghouthi et Mourid Barghouthi.

On vit comme on peut dans un pays malheureux

La journée du jeudi 13 décembre a également prévu un coup de projecteur sur les vétérans et la nouvelle génération de la scène palestinienne. Dans la salle AfricArt, on est allés à la rencontre de deux figures emblématiques du théâtre palestinien : Areen Omari et Ahmed Abou Salloum qui ont évoqué les conditions insoutenables dans lesquelles vit tout un peuple et dont les artistes ne sont pas à l’abri. «Je pourrais même parler d’un retour en arrière, surtout après la fermeture du théâtre de Jérusalem», signale la comédienne et productrice Areen Omari qui avait auparavant travaillé dans le théâtre tunisien avec Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar.

La Palestine à l’honneur lors de la soirée d’ouverture. 

De sa part, l’homme de théâtre Ahmed Abou Salloum a expliqué que le théâtre palestinien a beaucoup souffert depuis 1948 et continue encore de souffrir énormément à l’image de son peuple. «On résiste comme on peut alors que la mort rôde quotidiennement autour de nous (…) Les gens ont du mal à aller au marché ou à aller faire la prière, que dire alors d’aller au théâtre?», souligne-t-il.

Le théâtre, une arme de résistance

Plus tard dans la journée, à la maison de culture Ibn Rachiq, le public avait rendez-vous avec la pièce palestinienne ‘‘Ne sois pas un comparse dans une pièce de théâtre’’, signée une jeune troupe de la ville de Naplouse, mise en scène par Adnen Boubli.

Ahmed Abou Salloum et Areen Omari.

Présentée hors compétition dans la section parallèle des productions arabes et africaines, ‘‘Ne sois pas un comparse …’’ fut accueillie avec beaucoup d’enthousiasme de la part du public tunisien devant une salle pleine où on a d’abord observé une minute de silence à la mémoire des deux martyrs tombés ce matin-là en Palestine sous les tirs de l’armée d’occupation israélienne.

La pièce se partage en 4 actes sous forme de tableaux indépendants les uns des autres racontant chacun dans une sorte de monologues autobiographiques des vies d’hommes et de femmes de théâtre.

La pièce est conçue comme une mise en abyme de parcours de comédiens qui jouent des rôles d’autres comédiens et qui nous parlent de remises en question, de doutes, d’oppressions, de dilemmes … que peuvent affronter tout artiste.

Les quatre personnages se succèdent et s’expriment en arabe littéraire, s’adressant directement au public avec légèreté et beaucoup d’humour ponctué de gestuelles et de paroles burlesques. Un homme à la fin de sa carrière qui plonge dans la solitude après la gloire, une jeune femme qui se bat contre l’oppression patriarcale pour vivre de sa passion, une comédienne envoyée en prison et un jeune humoriste qui se trouve toujours dans l’autocensure pour continuer d’exercer ce métier dont il remet en question l’utilité.

Sans mentionner la Palestine, ni l’occupation israélienne, ‘‘Ne sois pas un comparse…’’ évoque de nouvelles formes de résistance dans les milieux artistiques où il n’est pas évident de vivre de sa passion ou de s’exprimer librement. Dans le théâtre ou dans la vie, ne soyons pas des comparses, sortons de l’ombre et occupons les premiers rangs pour être à la hauteur de cette vie, c’est ce que semblent nous dire les quatre comédiens qui ne se sont pas beaucoup éloignés de leurs vraies identités, et ce qui a d’ailleurs intensifié leur jeu et séduit le public qui leur a réservé un standing ovation en fin du spectacle. Un accueil qui a ému aux larmes les différents membres de la troupe.

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