L’association Nachaz-Dissonances organise, en collaboration avec la Rosa Luxembourg Stiftung, une conférence à l’hôtel Le Belvédère, à Tunis, les samedi 29 et dimanche 30 décembre 2018, sur le thème : «La gauche civile et la gauche politique, quels rapports?»
À cette séance de clôture des débats de Nachaz-Dissonances pour l’année 2018, on annonce la participation, autour de Mohamed Khénissi, président de cette association, Hakim Ben Hamouda, Maher Hanin, Salah Mosbah (philosophe), Khédija Chérif, Fathi Ben Haj Yahia, Salsabil Klibi, Ramy Khouili, Mortadha Labidi, Ramzi Laâmouri, Hassib Labidi, Mongi Amami, Abderrahman Hedhili, Moncef Houaïdi.
Texte de présentation du débat
La dynamique qui a caractérisé l’espace public durant l’année qui nous quitte confirme les orientations prises par le débat intellectuel et politique au sein des acteurs politiques depuis 2014 et l’adoption de la Constitution.
En effet, une nouvelle dynamique de combat s’empare de l’espace public, en rupture avec les polémiques au sein de la classe politique, polémiques décalées des préoccupations du peuple. Elle remet sur le tapis les objectifs du changement démocratique et social attendu. En dépit de la persistance des menaces terroristes, la société tunisienne ne cesse de poser les questions des libertés, de l’égalité entre les citoyens et du développement social et culturel et de les placer au centre de ses préoccupations.
Le mouvement pour les libertés individuelles, l’égalité entre les deux sexes, les droits des minorités, a accompli un bond réel dans le sens du renforcement de son rôle et de son action culturels et civils. Le débat autour de la loi contre la violence faite aux femmes, loi criminalisant toutes les formes de discrimination, et le rapport de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe) en sont la meilleure illustration.
Ce débat et ce rapport qui constituent un tournant historique dont les échos et les effets ont dépassé la société tunisienne pour se propager dans tout le monde musulman.
De son côté, la mobilisation sociale et protestataire confirme le mouvement de résistance contre toute les formes de stigmatisation, d’isolement et de poursuite judiciaire dont il est continuellement l’objet, contre la corruption et pour son droit à l’emploi, à la santé, à un environnement sain, au développement, à l’amélioration des conditions de vie des catégories sociales fragiles et de leur pouvoir d’achat. L’entrée en lisse de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) dans une opposition frontale avec le gouvernement sur le terrain des questions sociales, contre les politiques d’austérité dictées par le FMI, est un indicateur du transfert possible de la question sociale au cœur même des luttes politiques.
Cette dynamique civile dans les champs des droits humains, sociaux et syndicaux s’accompagne d’une vitalité du paysage culturel et artistique dans le cinéma, la musique, le théâtre et l’édition. Une vitalité que ne reflètent pas uniquement les grands festivals nationaux et internationaux mais également des espaces populaires, ceux de la jeunesse et des régions de l’intérieur.
En un mot, la société ne s’est résignée ni aux plans de son islamisation ni des sphères financières internationales. La société civile et une partie des forces politiques de l’opposition poursuivent leur combat pour défendre la démocratie et les grands objectifs de la révolution.
Dans cette dynamique, les forces de gauche agissent et réagissent de manière inégale et sur des plans différents. Aussi sont-elles, jusqu’à un certain point, à la fois responsables et en même temps redevables de cette situation.
Responsables du fait des valeurs et convictions profondes qu’elles portent: liberté, progrès, justice sociale et égalité, du fait de leur enracinement social, civil et culturel horizontal, et de leur présence politique au sein de l’ARP et dans différents champs politiques.
Elles sont redevables, du fait du rôle qu’on attend d’elles et qu’on espère voir se concrétiser dans la proposition d’une nouvelle vision, d’une alternative et de plans d’action concrets pour garantir la pérennisation de l’expérience démocratique, de l’Etat de droit et asseoir les fondements d’une société de justice et d’égalité.
Ce qui se passe au sein de la gauche tunisienne, en réalité de ces gauches éparses, s’excluant les unes les autres, nous tient à cœur à Nachaz/Dissonances.
Pour son séminaire annuel de clôture, notre association se propose de commémorer à sa manière la révolution de la dignité en organisant une rencontre sur deux jours, sous le titre : «La gauche civile et la gauche politique : quels rapports ?»
Notre objectif, en organisant cette rencontre et en y conviant des acteurs des différents champs de la lutte politique et civile, et des chercheurs pour présenter leurs approches et leurs témoignages, est: premièrement, de réfléchir sur les formes de cette vitalité de la société et de cerner les lignes de mobilisation, de résistance et de combat des forces qui la travaillent en profondeur. Autant d’indices d’un nouvelle gauche tunisienne qui émerge au cœur des luttes pour la liberté, les droits de l’individu, et dans la recherche d’un projet économique qui réduise les inégalités sociales et régionales. Et deuxièmement, de pousser à la réflexion et au débat sur les contours du projet sociétal, politique et économique à même d’unifier la gauche, et sur les moyens de construire les convergences, les articulations et les alliances nécessaires à sa refondation politique et à l’édification de sa base sociale et électorale élargie. Réflexion aussi sur l’indispensable renouvellement de son image. Une image qui reflète son implantation sociale et répond aux aspirations d’une nouvelle génération de jeunes qui portent avec enthousiasme et compétence les valeurs de la gauche sans hériter de ses tares et avatars.
Source : communiqué.
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