Le pouvoir d’achat des Tunisiens a continué de se dégrader en dépit des hausses salariales successives en huit ans. Une énième hausse des salaires ne fera que dégrader davantage les finances publiques en creusant les déficits et en endettant encore plus l’Etat au lieu de doper l’investissement seul levier de croissance.
Par Chedly Mamoghli *
Si la hausse des salaires était la solution à la dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens et bien les nombreuses hausses des salaires en huit ans, de 2011 à 2019, auraient réglé le problème.
On constate, au contraire, que ces hausses salariales (et Dieu sait si durant les huit dernières années il y en a eu. Jamais les salaires n’ont autant augmenté en nombre et en valeur) n’ont pas permis de remédier à ce problème et pire le pouvoir d’achat des Tunisiens continue de se dégrader.
Les hausses des salaires nourrissent la spirale inflationniste
L’équation est simple et vérifiée par tous les salariés, en tout cas ceux qui ne se cachent pas dernière leur petit doigt : plus on augmente les salaires dans un contexte économique de faible croissance, plus les prix flambent. Car les hausses des salaires nourrissent la spirale inflationniste étant donné que la croissance reste faible, et quand la croissance est faible, il est inutile et contre-productif d’augmenter les salaires car in fine les gens ne gagnent rien. Ce qu’ils touchent en augmentation salariale, ils le perdent dans la consommation avec les prix qui augmentent.
N’écoutez donc pas les démagogues de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), les faux experts et les charlatans qui vous disent qu’une augmentation salariale améliorera votre pouvoir d’achat. Si c’était le cas, il aurait été déjà amélioré avec les précédentes hausses successives.
Le chef du gouvernement doit se monter ferme face à l’UGTT et ne doit pas capituler devant ses responsables pour soi-disant préserver une paix sociale qu’il n’obtiendra jamais, tant que Noureddine Taboubi et sa smala resteront à la tête de la centrale syndicale.
Il faut savoir dire non quand l’intérêt du pays l’exige
Youssef Chahed ne doit pas écouter les carriéristes qui l’entourent en faisant de la politique politicienne. S’il croit qu’en augmentant les salaires, l’UGTT va lui foutre la paix, il se trompe. L’UGTT dira qu’il est un faible qui a capitulé face à la pression et demandera plus, encore plus, toujours plus.
Il ne doit écouter que sa conscience. Veut-il que l’on se souvienne de lui, dans l’avenir proche et lointain, comme d’un patriote qui ne gaspille pas l’argent public, qui ne fait pas de la politique politicienne et qui ne recoure pas aux fausses solutions prodiguées par les démagogues? Ou bien veut-il que l’on se souvienne de lui comme d’un carriériste qui a fait de la politique politicienne et d’un faible qui a capitulé devant l’avidité, la cupidité et la démagogie de l’UGTT? Veut-il que l’on se souvienne de lui comme la «Troïka», l’ancienne coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha (2012-2014), qui a ravagé les finances publiques ou d’un homme d’Etat qui sait dire non quand l’intérêt du pays l’exige et ce peu importe les pressions exercées sur lui?
La balle est dans son camp et une fois il aura pris sa décision, il ne pourra plus faire marche arrière et assumera tout seul son choix. L’entourage n’assumera rien du tout. L’Histoire ne pardonnera pas un choix démagogique et suicidaire pour l’économie et les finances publiques.
* Juriste.
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