Oui, il est possible de relancer les Ateliers mécaniques du Sahel (AMS), fleuron industriel du Groupe Loukil, passé par des années difficiles, en raison d’une conjoncture difficile et de la concurrence déloyale de la contrefaçon sur le marché tunisien.
Par Zohra Abid
C’est là l’une des conclusions ressorties de l’assemblée générale ordinaire pour 2017, tenue à Gammarth, le 11 janvier 2019, sous la présidence de Bassem Loukil en sa qualité du président du conseil d’administration du Groupe Loukil, qui était entouré de Hatem Chabchoub, directeur général des AMS depuis quelques mois seulement, et des autres cadres de l’entreprise.
Tous les intervenants ont rapporté les difficultés vécues au cours des dernières années par les AMS à trois facteurs principaux: d’abord, elles ont été affectées par la conjoncture économique difficile que traverse la Tunisie depuis la révolution du 14 janvier 2011; puis le développement de la contrebande et de son corollaire, le marché de la contrefaçon; enfin les impayés de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) ayant atteint 4,7 millions de dinars.
Face à cette situation qui menace la pérennité de l’entreprise, le management a dû agir dans l’urgence pour établir de nouvelles stratégies de production et de marketing, afin de se repositionner de nouveau sur le marché intérieur et extérieur.
Le secteur public est un mauvais payeur
Les actionnaires et petits porteurs venus assister à cette assemblée générale au cours de laquelle on a procédé à la lecture, à l’examen et à l’approbation du rapport d’activité de la société relatif à l’exercice clos le 31 décembre 2017 (et ce conformément à l’article 200 et suivants et à l’article 475 du code des sociétés commerciales), ont vu dans l’annonce des nouvelles stratégies mises en oeuvre par le nouveau management une note positive et qui rassure quant à une prochaine relance du chiffre d’affaires de la société, notamment à l’exportation.
En ce qui concerne les impayés de la Sonede, «les négociations sont certes encore difficiles, mais elles vont se poursuivre et nous ferons même intervenir le gouvernement pour trouver une solution à l’amiable», a souligné M. Loukil.
L’entreprise va aussi diversifier sa gamme de produits dans la robinetterie et les couverts de table pour coller davantage aux besoins du marché. Et c’est l’équipe de M. Chabchoub qui s’y attelle déjà, en prenant en main les rênes de l’entreprise, parallèlement à la mise en oeuvre d’une stratégie commerciale plus agressive et plus ciblée pour garder les anciens clients et aller vers d’autres. «Les fruits des efforts investis au cours des derniers mois seront récoltés très prochainement», rassure M. Chabchoub.
Loukil Investment Group reste au chevet des AMS
Un plan de restructuration et d’assainissement de la situation héritée depuis l’achat des AMS en 2008 par le Groupe Loukil s’est également imposé. «Il y a des produits finis et semi-finis aujourd’hui en stock et dont l’exploitation fera sans doute gagner l’entreprise», enchaîne le commissaire aux comptes de la société, qui se montre tout aussi optimiste quant aux capacités de l’entreprise de rebondir. Si les AMS survivent encore, malgré les difficultés rencontrées, c’est notamment grâce au soutien de Loukil Investment Group (LIG) qui a remboursé une partie de leurs dettes, poursuit ce dernier.
«La masse salariale de la société représente 35% de son chiffre d’affaires. Elle est très lourde à porter et nécessite une révision. Il y a un travail à faire pour revoir ce volet afin de trouver des solutions radicales au cours de 2019», souligne, de son côté, l’un des petits porteurs qui appelle au gel des salaires en attendant des jours meilleurs.
Autres résolutions préconisées pour sortir de l’impasse : mettre fin à la fabrication des produits non rentables et impulser les exportations. Plusieurs marchés à l’export figurent déjà sur le carnet des commandes. Le récent contrat de partenariat avec la Guinée, entre autres, ouvre des perspectives intéressantes à cet égard. «Pour le moment, les exportations se font vers une dizaine de pays d’Afrique et du Moyen-Orient avec un chiffre d’affaires à l’export représentant 15 à 20% du chiffre d’affaires global, mais le but est d’atteindre 35%. Une excellente percée en Afrique avec des produits satisfaisants donnera à la société une bouffée d’oxygène», enchaîne M. Chabchoub, qui poursuit sur une note positive : «Il est vrai que les temps sont difficiles, mais la société a déjà réussi à baisser le taux de son endettement de 14% fin 2017 à 8% à la fin du 1er trimestre 2018 et elle peut mieux faire.»
Les difficultés demeurent mais le meilleur est à venir
C’est ce qu’ont affirmé, également, les experts ayant travaillé de concert avec le conseil d’administration et le management pour l’établissement du plan de restructuration de cette entreprise si chère aux habitants de Sousse et de toute la région du Sahel. C’est le cas de Ouissem Ghorbel, responsable du bureau Matine, qui estime que les AMS sont en mesure de devenir bientôt leader de leur marché. La réussite de la stratégie de restructuration pourrait donner les premiers fruits dès la fin de l’année en cours.
Les signes de relance sont déjà là : la société a, en effet, enregistré, à la clôture du second trimestre 2018, une augmentation de son chiffre d’affaires passé de 2 millions de dinars (MDT) en 2017 à 5 MDT en 2018, soit l’équivalent de 125%. Il suffit de rester sur cette pente ascendante pour effacer l’ardoise des dettes de la société et de repartir de bon pied.
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