Familia Productions a présenté, vendredi 25 janvier 2019, à la salle 4ème Art de Tunis, l’avant-première de la pièce théâtrale ‘‘Madame M’’ de la jeune metteuse en scène tunisienne Essia Jaïbi. Qui a de qui tenir…
Par Cherif Ben Younès
Inspirée de faits réels, comme nous le confie la voix hors champ de Essia Jaïbi, au début de la mise en scène, ‘‘Madame M’’ est un mélodrame (avec un zeste de comédie), interprété par la vétérane Jalila Baccar, ainsi que les 4 jeunes comédiens : Mouna Belhaj Zékri, Mouin Moumni, Imène Ghazouani et Hamza Ouertateni.
Un décor à la fois simple et original
Cette œuvre se déroule dans une ambiance mélancolique, symbolisée par un éclairage obscur de contre-plongée, permettant à peine aux spectateurs de déceler les traits faciaux des comédiens, ainsi qu’une musique qui intensifie, par moments, la tension aisément ressentie à travers des dialogues particulièrement violents.
Le décor est, quant à lui, assez simpliste, étant composé principalement de tables et de chaises. Il a par ailleurs la particularité d’être pivotant de 360 degrés, et tournée de temps à autre par les protagonistes eux-mêmes de façon manuelle, et ce afin de permettre aux spectateurs, placés sur 3 bords autour de la scène, de visualiser le spectacle sous différents angles.
Une œuvre sans prétention
La pièce trace l’histoire d’une famille monoparentale constituée de Malika (alias Madame M), et de ses 5 enfants issus de 4 pères différents : Mouna, Mina, Mehdi, Mourad et Moussa, suite à une rencontre, aux répercussions à la fois tragiques et anecdotiques, qu’ils ont fait avec Hager, une jeune journaliste de 33 ans… «Un fait divers, qui va mener vers un article, qui va déboucher sur une tragédie», lit-on dans le dépliant de la pièce.
‘‘Madame M’’ met la lumière sur plusieurs thèmes psychosociaux représentés par les différents personnages qui font partie de la même famille, ainsi que sur les interactions qui en résultent. Celles-ci ne manqueront pas d’hostilité car ce n’est pas l’amour que les protagonistes portent les uns pour les autres qui les empêchera pas de se dire la vérité en face tout au long de l’œuvre, sans langue de bois, quitte à se vexer mutuellement.
Ainsi, le personnage principal, Malika, mère célibataire qui a consacré sa vie à l’éducation de ses enfants, se retrouve, dépassé la soixantaine, devant les limites de ses méthodes autoritaires, possessives, et exagérément protectrices. Une situation qui lui coûte très cher puisqu’elle altère irréversiblement le bien-être de sa famille.
En somme, il s’agit d’une pièce qui, sans chercher à donner des leçons, incite à avoir une réflexion sur des sujets délicats, tels que la coexistence et la communication au sein de la famille, notamment lorsqu’il s’agit d’une famille atypique comme celle de Madame M; l’absence du père et les conséquences qui en résultent sur la vie amoureuse des enfants; la déontologie du journalisme; la dépression; la vengeance; le désir; l’amour; le pardon; la délivrance; etc.
Une enfant de la balle
‘‘Madame M’’ est la première pièce d’Essia Jaïbi, fille du célèbre metteur en scène et réalisateur Fadhel Jaïbi et de la dramaturge et comédienne Jalila Baccar. Cette jeune figure du paysage théâtral tunisien a coordonné auparavant plusieurs projets culturels, à l’instar de ‘‘Tunis sur le Divan’’, ‘‘La Nuit des étoiles’’ ou encore le festival ‘‘Éphémère’’. Elle a également participé à la promotion du film ‘‘Hedi’’ de Mohamed Ben Attia en collaboration avec la maison de production tunisienne Nomadis. Bref, c’est une enfant de la balle…
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