A. F. (23 ans), un homosexuel habitant à Sfax, devra comparaître devant le juge, le 4 février 2019, pour homosexualité, sur la base de l’article 230 du code pénal tunisien.
Le jeune homme, qui avait été au poste de police de Sidi El Bahri pour porter plainte pour agression, vol et viol, s’est vu placé en détention par le juge d’instruction, à cause de son homosexualité.
Retour sur les faits : A. F. avait pris rendez-vous, il y a 3 semaines, chez un jeune homme qu’il avait rencontré sur Facebook. A la maison, il a été surpris de découvrir deux hommes qui l’attendaient. Il s’est senti piégé et leur a dit qu’il préférait partir mais, selon son récit, ils l’ont violemment agressé avant de le violer et de lui voler ses effets personnels.
La victime, soutenue par l’Association des jeunes de Sfax pour la démocratie et les libertés, a porté plainte contre ses agresseurs et la police les a arrêtés. Les 3 hommes ont été présentés au juge d’instruction auprès du tribunal de Sfax qui a ordonné la mise en détention des 2 agresseurs ainsi que de la victime, pour qui il a ordonné un test anal afin de savoir si A. F. «est habitué à la sodomie» (sic!).
Selon l’Association, A. F. a indiqué à sa mère qu’il subit des pressions et des harcèlements de la part de ses codétenus informés de son homosexualité. Elle dit que son fils est fragilisé par cette affaire d’autant qu’il est victime et devrait bénéficier d’un suivi psychologique après son agression sexuelle et non pas «être jeté en prison».
De son côté, l’association Shams, défendant les homosexuels, dénonce le test anal ordonné par le juge d’instruction, en rappelant que la Tunisie s’est engagée depuis 2017 à abandonner ce test qui porte atteinte à la dignité de l’Homme.
Shams, qui déplore la détention d’A.F., ajoute que cette affaire prouve encore une fois que les homosexuels ne bénéficient pas des mêmes droits que leurs compatriotes, notamment en ce qui concerne l’accès à la justice.
Y. N.
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