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Le gouvernement veut dissoudre l’Association Shams défendant les homosexuels

Le gouvernement tunisien vient de faire appel à la décision de justice prononcée le 23 février 2016 permettant à l’association Shams pour la défense des minorités sexuelles d’exercer en toute légalité. «Les activités de cette association sont contraires aux principes de la société musulmane», estiment les autorités tunisiennes !

Par Yüsra Nemlaghi

Trois ans après un verdict prononcé par le tribunal de 1ère instance de Tunis en faveur de l’association, le chargé du contentieux de l’Etat a fait appel, selon une notification envoyée par huissier de justice, le 8 janvier dernier, et reçue par Shams hier, jeudi 21 février 2019.

Alors que l’on pensait que cette affaire de visa était enterrée, la voilà qui refait inexplicablement surface. Comme s’il y a péril en la demeure et que l’Etat n’a pas suffisamment de problèmes sérieux et graves à régler, que de pourrir la vie à une poignée d’homosexuels revendiquant leurs droits et libertés dans une société qui se gargarise, du matin au soir, de posséder la constitution la plus libérale dans le monde arabo-islamique. Et dont on découvre, soudain, à la faveur de cette affaire, des dispositions pour le moins dogmatiques et liberticides.

Pour preuve: le gouvernement estime que l’association Shams «ne peut poursuivre ses activités qui vont contre les traditions des Tunisiens qui sont musulmans. L’islam interdit ces pratiques, également prohibées par la loi tunisienne en vertu de l’article 230 du code pénal», explique le chargé du contentieux de l’Etat, un haut fonctionnaire qui, visiblement, n’a pas beaucoup de choses à faire et qui trompe son inactivité comme il peut. Serait-il, par hasard, un membre du parti islamiste Ennahdha ?

En 2016, ce gouvernement avait voulu fermer Shams en expliquant notamment que l’association a dévié de ses objectifs, car elle s’est donnée pour mission, dans sa demande d’autorisation, de défendre les minorités sexuelles et non pas la communauté LGBT (lesbiennes, gay, bisexuels et transsexuels), comme s’il ne s’agit pas là de minorités sexuelles, mais d’extraterrestres tombés de la planète Mars. Est-ce de l’ignorance ou de la mauvaise foi. Les Tunisiens jugeront, sachant que le procès est fixé au 1er mars prochain.

On fera remarquer, en conclusion, que ce gouvernement, qui veut faire fermer une association militant pacifiquement pour les libertés individuelles et les droits de l’homme, n’a pas bougé le petit doigt pour suspendre les activités du parti islamiste radical Hezb Ettahrir, dont les membres crient haut et fort qu’ils ne reconnaissent ni l’Etat, ni la constitution, ni le parlement, ni le drapeau national, et qui appellent ouvertement à la restauration du califat et de la charia (loi islamique)…

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