Le procureur de Tunis, Bechir Akremi, vient de placer en détention Moncef Kartas, l’enquêteur tunisien chargé par le secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (Onu) de préparer un rapport sur le trafic d’armes à la frontière tuniso-libyenne durant les années 2012/2013.
Par Hassen Mzoughi
Le diplomate tunisien auprès de l’Onu, Moncef Kartas, arrêté mardi 26 mars 2019, à son arrivée à l’aéroport international Tunis-Carthage, venant de Rome, a été traduit, hier, jeudi 28 mars, devant le procureur général de la République près le Tribunal de première instance de Tunis.
Après l’audience, le diplomate a été maintenu en détention sur décision de ce magistrat, qui aurait refusé, ajoute le journal, de reconnaître l’immunité diplomatique internationale de ce haut cadre onusien sous le prétexte que les autorités tunisiennes n’étaient pas informées de cette mission (!).
Le bureau de l’Onu en Tunisie a sollicité le soutien du ministère tunisien des Affaires étrangères dans une note verbale en date du 27 mars, dans laquelle il indique notamment qu’un expert des Nations Unies pour la Libye (Résolution du Conseil de sécurité n° 1973/2011), Moncef Kartas, «reste introuvable en Tunisie».
Cet expert tunisien, muni d’un passeport diplomatique, a été appréhendé par une douzaine de personnes en tenue civile et qui se présentaient comme étant des agents des services de sécurité. Et après avoir été conduit à El Aouina, il a été transféré à la Brigade criminelle d’El Gorjani.
Un rapport délicat
L’expert onusien est chargé par le secrétaire général de l’Onu de préparer un rapport sur le trafic d’armes à la frontière tuniso-libyenne et le respect de l’embargo sur la livraison d’armes à la Libye.
Selon des médias, il devait remettre son rapport lors de la tenue du Sommet des Etats arabe (dimanche prochain, 31 mars, à Tunis) qui doit discuter, entre autres de la crise libyenne. Or, ce rapport fouillé et indépendant, serait parvenu à la conclusion que la décision onusienne du blocus sur les armes en Libye aurait été violée par la Turquie et le Qatar (les alliés d’Ennahdha) via la Tunisie durant les années 2012/2013. Autrement dit lorsque les islamistes étaient au pouvoir en Tunisie.
En attendant, une communication officielle sur le sujet qui tarde à venir, cet incident fait des vagues. A l’Onu, qui s’inquiète de ces agissements à l’encontre de son haut fonctionnaire, mais aussi en Allemagne, le diplomate tunisien possédant la nationalité allemande et est très proche de la chancelière Angela Merkel.
Question : le rapport de Moncef Kartas a-t-il été « récupéré» par le magistrat ?
Qui est Moncef Kartas ?
Chercheur à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève, Moncef Kartas est titulaire d’un doctorat en relations internationales et d’une maîtrise en sciences politiques, en philosophie et en droit international de l’Université de Munich. Depuis juin 2016, le secrétaire général de l’Onu l’a nommé au groupe d’experts de l’Onu sur la Libye, créé par la résolution 1973 (2011) du Conseil de sécurité des Nations unies. Au sein du Groupe, Moncef Kartas est chargé de surveiller et d’enquêter sur les violations de l’embargo sur les armes.
En tant que spécialiste de la gouvernance dans le secteur de la sécurité, l’expert tunisien conseille et forme régulièrement des organisations internationales, des agences nationales et des organisations de la société civile en matière de planification stratégique et d’engagement communautaire en matière de maintien de l’ordre, de gestion des frontières et de lutte contre l’extrémisme violent.
Moncef Kartas, arrêté pour espionnage à Tunis, est fonctionnaire de l’Onu
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