En moins d’un an, c’est la troisième affaire de paris douteux concernant l’Union sportive de Ben Guerdane (USBG), avec le même modus operandi : des mises de plusieurs milliers d’euros en cash, passés dans des bureaux de tabac de Provence-Alpes-Côte d’Azur, à quelques heures du match contre l’Etoile sportive Metlaoui (ESM). On sent les matches arrangés !!
Par Hassen Mzoughi
C’est ‘‘L’Equipe’’ qui a dévoilé l’information, dans son édition parue vendredi 12 avril 2019, en s’appuyant sur un document officiel qu’il a pu consulter. Des paris suspects ont été placés en France, dimanche dernier, 7 avril, sur le match remporté (1-0) par l’US Ben Guerdane devant l’ES Metlaoui pour le compte de la 18e journée du championnat de Tunisie de Ligue 1.
Selon le journal sportif français, on aurait remarqué, moins de deux heures avant la rencontre, une anormale concentration des mises (plus de 35.000 euros), sur une victoire de l’USBG dans des points de vente de la Française des Jeux (FDJ) dans les Alpes-Maritimes, principalement à Nice, selon un document officiel français consulté par le journal ‘‘L’Equipe’’, confirmant une information du journaliste Romain Molina, celui-là même qui avait révélé le scandale de la Super-coupe de Tunisie, resté hélas sans suite.
Jusque-là les mises sur l’USBG ne dépassait pas 1000 euros mais ce jour-là et pour ce match de cette envergure contre un mal-classé, plus de 30.000 euros ont été joués d’un seul coup en cash. Les paris auraient été encore plus importants sur une victoire de Ben Guerdane (on parle de 80.000 euros) si la FDJ n’avait pas stoppé les mises.
Une affaire tunisienne sur le… sol français !
Le journal ‘‘L’Equipe’’ rappelle que le club de Ben Guerdane, actuellement 7e du championnat de Tunisie après 18 journées, avait déjà fait l’objet de deux alertes pour des paris suspects placés en France en 2018. En réaction à ces mouvements suspects, la FDJ a suspendu les paris sur la rencontre contre l’ESM environ deux heures avant le coup d’envoi.
En moins d’un an, c’est la troisième affaire de paris douteux entourant l’US Ben Guerdane. Au total, on parle de paris dépassant 500.000 dinars tunisiens (!!!). D’où vient cet argent ? Qui a parié ? Où va cet argent ?
Le journaliste français Romain Molina a déclaré, dans une vidéo publiée sur sa page YouTube, que des paris suspects sur deux autres rencontres du championnat tunisien avaient eu lieu sur le territoire français, avec l’US Ben Guerdane comme protagoniste de ces matches. On cite USBG-Avenir de Gabès (3-0), le 27 avril 2018 (arbitré par Sadok Selmi), et USBG-Etoile sportive du Sahel (2-1), le 10 mai 2018 (dirigé par Mehrez Melki). Molina indique que chacun de ces deux matches avait fait l’objet de mises de plus de 80.000 euros, en pariant sur la victoire de l’US Ben Guerdane.
D’ailleurs, grâce à ces deux succès consécutifs et celui venant tout de suite après, en barrages de maintien, face à El Gawafel de Gafsa, l’USBG a pu rester en ligue 1 !
S’agit-il d’une simple coïncidence ?
Non, ce qui laisse planer un doute sur la régularité de ces résultats. Si l’on parle de paris aussi «consistants», aussi «anormaux» de l’ordre de 80.000 euros par match, chaque fois sur la victoire du même club, dans un match où habituellement les paris ne dépassent pas 1000 euros, cela veut dire qu’il y a une organisation, un réseau et des lieux précis de jeu, des bureaux de tabac complices, comme l’a révélé Molina. On ne peut pas jouer des milliers d’euros sans être «confiant», sans être «assuré» qu’on va ramasser un pactole. On sent les matches arrangés à des milliers de kilomètres. Le football tunisien est truffé de matchs truqués mais là…
Molina a confirmé que les deux matches de la dernière saison avaient été misés sur les mêmes personnes à hauteur de 80.000 euros pour chaque rencontre, tout en pariant sur Ben Guerdane face à Metlaoui cette saison pour 32.000 euros.
L’arbitre, Mokhtar Dabbous est également un autre «acteur» qui attire l’attention.
Il avait officié, dimanche dernier, le match USBG-ESM, mais il avait, rappelons-le, dirigé en 2016, un certain Stade Gabésien- USBG, qui s’est terminé par la victoire de l’équipe locale 2-1 grâce à 2 penaltys dont un à la 90+6. L’arbitre avait aussi exclu deux joueurs de l’USBG. C’en était trop pour Wadii Al Jari qui a suspendu Dabbous jusqu’à la fin de la saison.
L’affaire pourrait, si tout va bien, faire l’objet d’une enquête judiciaire dans les prochains jours, indique le quotidien sportif français. En France bien sûr, pas en Tunisie où la corruption a encore de beaux jours devant elle.
Quant à la Fédération tunisienne de football (FTF), elle restera encore une fois muette sur des faits avérés de «magouille». D’autant que le club «en cause», l’US Ben Guerdane, dispose d’un fan de «première classe», en l’occurrence le président de l’instance elle même, Wadii Al Jari.
Mais le grand malheur du football tunisien, c’est que les matches truqués ne le sont plus à des «fins sportives» (gagner des matches) mais pour se remplir les poches, quitte à ternir davantage le sport tunisien. Pendant ce temps, le président de la FTF tente de faire diversion en sortant des projets tape à l’œil. Le dernier en date étant une salle fédérale de musculation.
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