La Commission des affaires de la femme, de la famille, de l’enfance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a entendu aujourd’hui, lundi 22 avril 2019, les témoignages sur les abus dont sont accusés des agents du Centre d’encadrement et d’orientation sociale de Sfax : corruption, maltraitance et viol.
Me Hamida Chaieb, représentante du bureau de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), assuré détenir des dossiers avec les témoignages des victimes présumées qu’elle a pu rencontrer depuis la première alerte et les plaintes déposées depuis juin 2018.
«Des résidents, qui plus est des mineurs, ont quitté le centre à cause de mauvais traitements. Ils ont préféré la rue au centre que leur offre l’Etat», a déploré l’avocate, en ajoutant que des mineures qui avaient déposé des plaintes pénales pour agressions sexuelles ont été transférées vers d’autres centres sans qu’il y ait poursuites contre les accusés.
Hamida Chaieb assure que 6 jeunes ont essayé de se suicider dans ce centre, qu’une ado de 14 ans est tombée enceinte après une relation avec un jeune hébergé dans ce même centre, a également fui.
L’avocate assure que le délégué de la protection de l’enfance a été informé de ces abus et l’accuse de n’avoir rien fait pour remédier à la situation, ni même enquêté comme il se doit.
«Il y a corruption financière et administrative au sein de ce centre et il est temps que ça cesse», a encore déploré l’avocate lors de son audition, en demandant à témoigner en présence du délégué de l’enfance et du ministre des Affaires sociales.
Cette affaire avait été dénoncée, en février dernier, dans un reportage de l’émission « Fel maw3ed » (Au rendez-vous), diffusé sur Telvza TV et présentée par Mabrouka Khedir. La journaliste avait rencontré des victimes présumées qui ont témoigné des abus qu’elles disent avoir subis.
Parmi les témoins, Samar (pseudonyme), une ado de 17 ans qui s’est réfugiée au centre de Sfax après avoir été renvoyée par chez ses parents quand elle était enceinte suite à… un viol ! Son père avait même menacé de la tuer. Samar s’est retrouvée au centre et, après avoir mis au monde sa fille, elle a préféré fuguer plutôt que de supporter les abus : harcèlement sexuel, violences, maltraitance… Elle a finalement été transférée au centre Ezzhrouni à Tunis.
Le directeur du centre dira, lors de ce reportage, qu’il est victime d’une machination et que les accusations sont mensongères. Pour lui, on cherche à le détruire…
On notera que la députée Radhia Toumi a, elle aussi, pris en main ce dossier et a rapporté le problème à la protection de l’enfance qui a nié les faits, présentant des témoignages plus positifs d’autres mineurs hébergés dans ce centre.
Yüsra Nemlaghi
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