Le constat est des plus alarmants, au vu de la conjoncture présentée par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII), sur le recul flagrant de l’investissement dans les régions dites «défavorisées», au cours des 4 premiers mois de 2019.
Par Amina Mkada
Ce constat, qui se répète d’année en année, concerne ce que le Code de l’Investissement appelle communément «zones de développement régional» , et qui en réalité continue de se rapporter à des «zones défavorisées» par 60 ans de politiques de développement déséquilibré au bénéfice des régions côtières. Elles couvrent pratiquement les 2/3 du pays, la partie rose de la carte de gauche publiée ci-haut, où la vie n’est pas rose du tout !
Ceci dit, la carte des zones de développement régional – de 2016 à gauche et qui ressemble comme 2 gouttes d’eau à celle de droite des années avant – devrait être révisée en 2019, si l’on prend en compte les populations de plus en plus appauvries, qui couvrent largement les zones côtières également, supposées être avantagées.
La conjoncture présentée par l’APII parle d’une diminution de 24,7% des investissements déclarés dans ces zones: 523 millions de dinars tunisiens (MDT) pendant les 4 premiers mois de 2019 (4-2019), contre 694,2 MDT durant les 4 premiers mois de 2018 (4-2018).
Les fortes baisses dans les déclarations d’investissement industriel concernent surtout les gouvernorats de Kasserine (-74,1%), Gafsa (-67,7%), certaines délégations de Sfax (-92,8%), Kairouan (-54,2%), Siliana (-25,4%), Jendouba (-27.6%), etc.
La liste est encore bien longue et l’on est en droit de se demander, à quoi servent toutes ces primes d’investissement et ces incitations fiscales aux zones les plus et les moins prioritaires (quelle différence en 2019?), servies par plusieurs gouvernements successifs, mais qui semblent continuer à ne pas donner les fruits escomptés ?
Il ne s’agit pas de faciliter les investissements dans ces zones, par un texte de loi seulement. Là où le bât blesse (encore) semble être le manque de médiatisation des gros avantages consentis par le gouvernement, l’insuffisance des infrastructure dans ces zones, l’absence d’amélioration de la qualité de vie, et surtout, la crise persistante de confiance entre gouvernants et gouvernés !
Ces zones grouillent de jeunes inoccupés, où les salles de cinéma, de sport ou d’activités récréatives se comptent sur les doigts d’une seule main. Si l’on fait le recensement des régions «pourvoyeuses» d’émigrés illégaux (rien que ça), ce sont celles qui sont les plus défavorisées, citées ci-dessus, qui bien évidemment viendraient en tête…
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