L’annonce hier soir, mardi 11 juin 2019, par le Conseil national de l’Ordre de médecins (Cnom) de la nouvelle grille des honoraires des actes médicaux dans le privé fait grincer des dents… Si certains médecins affirment que les prix sont élevés, ils estiment que c’est aux caisses d’assurance «de mieux rembourser».
Par Yüsra Nemlaghi
Le Cnom a précisé que cette fourchette d’honoraires fixée par sa commission, en vertu de l’article 42 du code de déontologie médicale, ne sera pas révisée avant 2022. Comprendre une autre augmentation sera annoncée dans 3 ans.
Cependant, les citoyens ne s’expliquent pas de pareils honoraires qui varient entre 35 dinars tunisiens (DT),pour un généraliste, à 75 DT pour un spécialiste, si l’on parle bien sûr des tarifs non majorés.
Les médecins veulent faire payer la CNAM
«Donc, si je comprends, bien on doit tomber malade en semaine, et jamais le soir ni en jour férié et on doit rester suffisamment en forme pour faire le déplacement car si par malheur on fait appel à un médecin un dimanche soir pour une consultation à domicile, on devra payer 140 dinars, hors frais des médicaments et analyses s’il en est, et cela coûtera la moitié du Smig», déplore un citoyen, se disant choqué par ces augmentations décidées sans tenir compte de la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens ni de la situation des caisses sociales au bord de la banqueroute, qui plus est, par un corps réputé pour son refus de s’acquitter de son devoir fiscal.
D’autres citoyens ont appelé l’Etat à améliorer rapidement les services dans les hôpitaux publics et à y apporter des réformes, afin que les Tunisiens puissent s’y rendre en toute confiance et ne pas se faire plumer par ces chers toubibs. «Baisseront-ils leurs tarifs si on les boycotte au profil du secteur public ?», s’interroge un étudiant, sans se faire trop d’illusion, en ajoutant que les prix annoncés par le Cnom ne sont à la portée que d’une frange de la société : «Seuls les riches pourront payer de telles sommes, le reste du peuple fera la queue à l’hôpital et se verra décrocher un rendez-vous après 3 mois et, s’il meurt entre temps, ce n’est pas si grave, ce n’est qu’un pauvre», ironise-t-il .
Pour le Cnom, «l’augmentation est très raisonnable»
De leur côté, des médecins ont commenté ces nouveaux prix des consultations médicales, mais à leur avantage. Avouant que ces prix sont élevés pour la majorité des citoyens, ils estiment que c’est plutôt à la CNAM de mieux rembourser les malades, feignant d’oublier que celle-ci souffre d’un grave déficit financier et a du mal à continuer à rembourser ses adhérents.
Quant au Cnom, il ne s’explique pas une telle «panique», tout en rappelant que les tarifs font l’objet d’une révision tous les trois ans, et que les augmentations annoncés hier se situent entre 5 et 10 dinars.
«L’augmentation est très raisonnable, compte tenu du prix élevé de location des cabinets, de la cherté des équipements médicaux importés et de l’augmentation des prix de l’énergie, notamment au cours des trois dernières années, ainsi qu’en raison de l’augmentation de l’imposition sur la valeur ajoutée à raison de 1%», a commenté, le SG du Cnom, Nazih Zghal, dans une déclaration, aujourd’hui, à l’agence Tap.
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