Andrée Chedid est une femme de lettres et poétesse française d’origine syro-libanaise. Née Andrée Saab, le 20 mars 1920, au Caire, et morte le 6 février 2011 à Paris, ses poèmes dégagent la sensualité et les parfums de l’Orient de son enfance et de sa jeunesse.
Andrée Chedid a publié son premier recueil de poèmes ‘‘Sur les Traces de ma Fantaisie’’ en 1943. Le recueil est paru en anglais sous le titre ‘‘On the Trails of My Fancy’’, sous le pseudonyme de A. Lake. Elle s’installe à Paris avec son mari en 1946 avec qui elle a eu le chanteur Louis Chedid et la peintre Michèle Chedid-Koltz.
Outre ses poèmes et romans, elle a également écrit de nombreuses pièces de théâtre et des livres pour enfants. Ses recueils de poésie ont été partiellement illustrés par le peintre luxembourgeois Roger Bertemes et traduits en plusieurs langues à travers le monde.
En 1972, Chedid a reçu le Prix de l’Aigle d’Or pour la poésie suivi par de nombreux autres prix littéraires tel que le Prix Mallarmé en 1976 pour ses 2 recueils de poésie ‘‘Fraternité de la Parole’’ et ‘‘Cérémonial de la Violence’’. Elle reçoit également le Prix Goncourt de la Nouvelle en 1979 pour son livre ‘‘Le Corps et le Temps’’ et le Prix Goncourt de la poésie en 2002 pour l’ensemble de son œuvre poétique.
Ses écrits se caractérisent par un questionnement continu de la condition humaine et des liens entre l’homme et le monde.
Lors d’une interview, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré qu’elle faisait partie d’une «génération d’intellectuels cosmopolites qui ont choisi la France comme leur nouveau pays après la guerre, aidant le pays à une renaissance littéraire».
A perte de vue
A perte de vue
Regarde
Si les rives t’établissent
Ton fleuve coule à la mer
Plus d’un être te secourt
Tu parcours plus d’un songe
Tu jalonnes le plus proche
Tu t’abreuves au plus loin
A perte de vue
Déchiffre
Enracine la durée
Dans le vif de l’instant.
Absence du chant
Ayant perdu la trame du fleuve
Étouffé les senteurs d’océan
De raccrocs en saccades
De mirages en décors
Loin du largo des jours
L’homme
Séparé du
Chant
S’égare dans l’âpre canal des mots dépeuplés.
Alterner
Érige des villes
Pour le temps et ses graines
Pour le cœur et pour l’œil
Pour l’âge et pour l’enfant
Puis romps l’enveloppe!
Suspends-toi
au vent sans territoires
Chavire dans toutes les mers
Renais sur toutes les plages
Gravis cette dune
qui n’engendre que silence
Puis à nouveau
Rejoins ces villes
où l’événement t’attend.
Après le jardin
L’homme se souvenait
du ventre
de la demeure
de l’étreinte du jardin
de l’escale des mots
du crépuscule enfoui
en de juteuses racines
Un regret furtif le fit osciller vers l’arrière
Puis demain s’anima d’autres secrets
Et l’homme s’élança vers l’espace nu.
Ce que nous sommes
Tu es radeau dans l’éclaircie
Tu es silence dans les villes
Tu es debout
Tu gravites
Tu es rapt d’infini
Mais tel que je suis
que j’écris que je tremble
Je te sais parfois
refroidi de toi-même
quand les fables et le sel t’ont quitté!
Je te sais
Tantôt mutilé
Tantôt espace
Tantôt épave
Ou illumination
Je te sais
disloqué par les parcelles du monde
Mais je te sais
De face
Dans la forge de ton feu.
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