Le grand artiste libanais Ziad Rahbani s’est invité pour la première fois en Tunisie dans le cadre de la 55e édition du Festival de Hammamet, pour deux soirées de suite les 2 et 3 août 2019, données à guichet fermé, un moment de grâce aux rythmes du jazz oriental.
Par Fawz Ben Ali
Après une semaine de deuil observé suite au décès du président de la république Béji Caïd Essebsi, le Festival de Hammamet a repris son cours le soir du vendredi 2 août, avec une soirée musicale des plus attendues avec Ziad Rahbani, programmé en exclusivité à Hammamet, un festival qui a encore une fois frappé fort en invitant pour la première fois en Tunisie l’un des plus célèbres compositeurs arabes.
Enfin en Tunisie…
C’est certainement l’événement majeur de cet été au milieu de la programmation festivalière, et le public a répondu présent aux deux dates successives dont la totalité des billets a été vite épuisée.
Ziad Rahbani, dont les projets musicaux, les concerts et les apparitions médiatiques se font de plus en plus rares, a retrouvé le public tunisien au Théâtre plein-air de Hamammet, dans une ambiance très intimiste pour un voyage aux rythmes du jazz oriental dont il est l’un des pionniers.
Entouré d’une quinzaine de musiciens venus du Liban, de Syrie, d’Arménie ou encore des Pays-Bas, Ziad Rahbani s’est installé derrière son instrument fétiche de toujours le piano, et la soirée a commencé tout en douceur avec des morceaux purement instrumentaux pour une immersion dans son univers qui marie si bien le jazz à la musique arabe.
Auteur, compositeur, musicien, interprète mais aussi homme de théâtre, Ziad Rahbani s’est forgé une identité musicale qui lui est propre depuis ses débuts dans les années 70. Son génie musical s’est manifesté dès l’âge de 17 ans en composant ‘‘Saalouni Ennes’’, l’un des chefs-d’œuvre de sa mère la diva de la chanson arabe Fairouz, cette dernière a retrouvé dans les compositions de son fils aîné un second souffle après la disparition de son mari le grand compositeur Assy Rahbani, notamment avec ‘‘Kifak enta’’, qui avait attiré de vives critiques avant de devenir l’une de ses chansons les plus populaires.
Le fils de Fairouz, mais pas que …
Bien qu’il soit le fils de Assy Rahbani et de Fairouz, Ziad Rahbani a toujours été un artiste indépendant et libre, ayant réussi à tracer son propre chemin dans la musique et dans le théâtre. Connu pour ses prises de position engagées, ses chansons ainsi que les pièces de théâtre qu’il a écrites ou mises en scène et qui se distinguent par des textes crus et un humour noir vis-à-vis des politiques et de la place de la religion dans les sociétés arabes, à l’instar de sa chanson phare ‘‘Ana moch kafer’’ (Je ne suis pas mécréant), que le public tunisien réclamait et que l’artiste a fini par jouer, suivie par l’illustre ‘‘Chou hal eyam’’, au grand bonheur du public intergénérationnel qui connaissait par cœur les paroles de ces chansons.
Certains festivaliers sont restés sur leur faim, reprochant à Ziad Rahbani de ne pas avoir chanté lui-même ses chansons ou encore d’avoir consacré la majeure partie du spectacle aux morceaux instrumentaux. Mais il faut rappeler que le fils aîné de Fairouz a arrêté de chanter depuis quelques années pour se consacrer à ses vocations premières, à savoir l’écriture et la composition; il a ainsi invité le chanteur et musicien de oud Hazem Chahine pour interpréter les quelques parties vocales du spectacle comme ‘‘Talfan Ayach’’, ‘‘Esmaa ya Ridha’’, ‘‘Bima Innou’’, ‘‘Ana moch kafer’’, ‘‘Chou hal eyam’’…
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