Dans sa lettre ouverte reproduite ci-dessous, l’auteur attire l’attention de René Trabelsi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, dont «l’effort, l’abnégation, la volonté et le sérieux» sont remarquables, sur l’importance des marchés touristiques de l’Europe centrale et la mise à niveau du service linge hôtelier.
Par Mohamed Habib Glenza *
Je tiens à vous féliciter de l’effort que vous ne cessez de fournir en vue de relancer le secteur touristique tunisien, ce qui a eu pour conséquence immédiate un léger redressement du dinar tunisien et une nette amélioration des avoirs nets en devises, pour atteindre, 17,5 milliards de dinars, soit 98 jours d’importation, contre 70 jours d’importation en 2018.
Grâce à votre professionnalisme, abnégation et volonté, vous êtes en mesure d’atteindre l’objectif des 15 voire 20 millions de touristes, à l’horizon 2025, surtout que notre capacité d’hébergement, qui avoisine les 250.000 lits, le permet.
Vous êtes mieux placé que moi pour savoir que la réalisation d’un tel projet nécessite l’instauration d’une stratégie à court et à moyen terme, dont les objectifs majeurs seront l’amélioration de tous les services hôteliers par le biais d’une formation professionnelle qualitative et quantitative et une promotion pertinente du produit touristique tunisien sur les marchés prometteurs des pays de l’Europe de l’Est (Pologne, Tchéquie, Slovaquie, Ukraine, Biélorussie, pays baltes).
L’ensemble de ces pays dispose au total plus de 18 millions de touristes potentiels qui partent chaque année vers plusieurs pays touristiques.
Nombreux sont les touristes de ces pays qui programment leurs vacances pendant la basse et moyenne saison, mais l’absence de vols charters et de lignes régulières low-cost sur la Tunisie, tout au long de cette période, les empêche, malheureusement, de ce rendre chez nous, ce qui favorise nos concurrents directs.
Le marché touristique polonais
Ce marché est en nette expansion depuis que j’ai ouvert en 1992 un TO à Lodz, ville située au centre de la Pologne. Cette expansion spectaculaire est due à la bonne santé de l’économie polonaise qui affiche un taux de croissance de plus de 4,5%. Parmi les 3,5 millions de touristes polonais potentiels, 600.000 peuvent se rendre en Tunisie.
Malheureusement, depuis les événements de Sousse, aucune promotion digne de ce nom n’a été programmée en Pologne pour convaincre les touristes de ce pays que notre pays est redevenu paisible. Apparemment, le représentant de l’ONTT à Varsovie n’est pas intéressé par le marché polonais qui couvre actuellement plus de 7 millions de touristes!
En effet si l’on ajoute aux 3,5 millions de touristes polonais, le nombre de touristes ukrainiens, biélorusses, baltes qui se rendent en Tunisie via Varsovie, Katovice, Vroclaw ou Gdandsk, le total dépasserait les 7 millions de touristes potentiels.
Depuis 2 ans, l’offre du produit touristique tunisien figure rarement sur les annonces des TO polonais, à l’exception des TO allemands TUI et Neckerman. En raison de l’absence de vols charters et de lignes régulières low-cost, pendant la basse et moyenne saison, il n’y a aucun départ vers la Tunisie, et pendant ce temps beaucoup de polonais partent chez nos concurrents directs: Egypte, Turquie, Maroc où les vols charters et les lignes low-cost opèrent toute l’année
La mauvaise qualité du linge, talon d’Achille de l’hôtellerie tunisienne
Durant mes fréquents séjours en Tunisie, à Hammamet et à Sousse, j’ai été désagréablement surpris par la très mauvaise qualité du linge grisâtre ou légèrement dégradé, des chambres que j’ai occupées et d’autres que j’ai visitées. Il s’agit d’hôtels 4 et 5 étoiles de renom! Par respect et déontologie, je préfère m’abstenir de les nommer comme je ne cherche pas à les responsabiliser davantage en l’absence d’une formation qualitative et quantitative, aux centres de formation relevant du ministère du Tourisme, les buanderies de nos hôtels ou celles privées qui assurent un service linge aux hôtels sont gérées par un personnel forme sur le tas, dépassé par l’évolution fulgurante de cette activité, au plan mondial.
Aujourd’hui le service linge est une source de grands litiges entre les TO, représentant les intérêts de leurs clients et les responsables des hôtels concernés.
Je connais ce manquement depuis que j’ai présidé, pendant plus de 15 ans, la Chambre nationale des buandiers-nettoyeurs de Tunisie. À cette époque, aucun hôtelier ne voulait adhérer au programme de formation continue élaboré par notre Chambre et financé par le ministère de la Formation professionnelle.
Si nous tenons, aujourd’hui, à relever le défi de l’amélioration des services hôteliers, pour préserver l’image de marque de notre secteur touristique, pourvoyeur d’emploi et source de rentrées de devises, il faut s’atteler, sans plus tarder, à pourvoir une véritable formation de base qualitative et quantitative en buanderie. Le programme de cette formation doit inclure, en plus, une formation sur les risques de la bio-contamination (RABC), norme devenue obligatoire pour toutes buanderies qui traitent le linge hôtelier en Europe et qui risque d’être très bientôt imposée par les TO qui opèrent sur la Tunisie.
Monsieur le ministre, j’espère que vous seriez à l’écoute de mes remarques sur le marché touristique polonais ainsi que sur la mise à niveau du service linge hôtelier qui représente l’image de marque de l’hôtellerie tunisienne en général et de l’hôtel en particulier.
En attendant, je vous souhaite une bonne continuation pour une meilleure réussite
*Ingénieur en blanchisserie hospitalo-hôtelière.
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