Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a estimé que l’entretien télévisée du candidat à la présidentielle Slim Riahi avec Sami Fehri, diffusé mercredi 4 septembre 2019 par El-Hiwar Ettounsi, constitue une violation de la déontologie du métier.
Dans un communiqué publié aujourd’hui, vendredi 6 septembre 2019, le comité d’éthique du journalisme relevant du SNJT a assuré que ledit entretien a été marqué par plusieurs dépassements pouvant miner la crédibilité des médias et la transparence du processus électoral.
Le Syndicat a par ailleurs souligné que l’émission accordée à Slim Riahi représente une violation flagrante de la règle de l’égalité de couverture médiatique de la campagne pour la présidentielle, tout en estimant que l’interview est en fait de la publicité politique, d’autant que seuls 15 minutes ont été réservées à la présentation du programme politique de Slim Riahi, sur plus de 2 heures d’entretien.
«C’est de la publicité politique et non pas un travail de journalistique. Le candidat a été encensé durant 2 heures où l’on a parlé de ses présumés réussites dans les mondes politique, sportif et financier, or ce dernier fait l’objet de suspicions dans ces différents domaines», déplore le SNJT.
D’autres part, le comité d’éthique a noté que de graves accusations ont été portées à l’encontre des institutions de l’État, en particulier du pouvoir judiciaire, sans qu’il y ait la présentation de la moindre preuve des allégations de Slim Riahi.
Le Syndicat, qui met en garde contre le danger de transformer les médias, durant la campagne électorale, en «une plate-forme permettant aux lobbys politiques et financiers de régler leurs comptes», a appelé la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) a intervenir rapidement pour mettre fin à de pareilles pratiques.
«La Haica doit agir en urgence et utiliser tous les moyens pour que les médias qui dérivent ne profitent pas du facteur temps et soient empêchés de poursuivre leurs dépassements», insiste le comité d’éthique qui se donne pour mission d’aider à la réussite de la couverture médiatique de la présidentielle du 15 septembre 2019.
Rappelons que Sami Fehri a interviewé Slim Riahi à St Tropez, en France où ce dernier est réfugié depuis qu’il a quitté la Tunisie en janvier dernier.
Slim Riahi dit ne pas être en fuite mais il n’est pas entré, depuis 8 mois, en Tunisie, où il fait l’objet d’un mandat de dépôt ordonné en avril dans le cadre d’une des affaires de corruption. Cette décision de justice a été confirmé le 30 août dernier par la Cour de cassation.
Quant à Sami Fehri, il n’a rien à envier à son invité : il est poursuivi depuis 2011 dans une affaire de corruption, intenté contre lui par l’Établissement de la télévision tunisienne (ETT), pour avoir illégalement utilisé le personnel et les équipements de la chaîne nationale au profit de Cactus prod, lorsqu’il en était le propriétaire, en association avec le beau-frère de l’ancien président Ben Ali, Belhassen Trabelsi. Ce dernier est d’ailleurs en fuite depuis 2011 et incarcéré, depuis quelques mois, dans une prison française, dans le cadre de poursuites pour blanchiment d’argent.
On sait aussi que le verdict de cette fameuse affaire de Cactus Prod devrait tomber fin septembre…
Y. N.
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