L’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a adressé une demande au juge d’instruction en charge du dossier de Nabil Karoui, afin de lui permettre de mener sa campagne électorale pour le 2e tour de la présidentielle anticipée.
C’est ce qu’a indiqué Nabil Baffoun, président de l’Isie, cet après-midi, jeudi 19 septembre 2019, après sa rencontre avec le président par intérim, Mohamed Ennaceur, au Palais de Carthage.
«J’ai notamment informé M. Ennaceur des recours d’appel aux résultats préliminaires de la présidentielle, de leur impact sur la date de déroulement du deuxième tour, ainsi que de la demande transmise par l’Isie au juge d’instruction en charge du dossier de Nabil Karoui afin d’autoriser ce dernier à mener sa campagne électorale, et ce, pour garantir l’égalité des chances entre les deux candidats», a précisé M. Baffoun.
M. Baffoun et les autres membres de l’Isie ne semblent pas avoir été gênés par les abus commis par M. Karoui, qui a utilisé sa chaîne de télévision, trois ans avant le scrutin pour faire sa propre propagande et s’attaquer à ses concurrents, souvent par l’insulte et la diffamation. Trop soucieux de l’égalité des chances entre les concurrents, les membres de l’Isie ne sont pas non plus soucié des campagnes caritatives menées par M. Karoui aux quatre coins du pays et largement diffusées, pendant trois ans, par sa chaîne toute à sa dévotion.
Non, l’Isie ne semble soucieuse que des seuls intérêts de son protégé, Nabil Karoui, ce qui jette une ombre lourde sur le travail de cette instance, dont les décisions sont à géométrie variable.
Rappelons que Nabil Karoui est incarcéré depuis le 23 août dernier pour des affaires de corruption et de blanchiment d’argent. Il devra affronter, au 2e tour de la présidentielle, le candidat indépendant Kaïes Saïed.
Hier, mercredi 19 septembre, la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis a rejeté, pour la 2e fois, la demande de libération du patron de Nessma, qui cherche à accéder au Palais de Carthage, avec le coup de pouce de l’Isie, pour s’assurer l’immunité présidentielle, prélude à l’impunité totale.
La démocratie tunisienne est en passe de devenir une démocratie d’opérette, avec des instances bidons servant de simple décor.
Y. N.
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