Tout en reconnaissant sa défaite personnelle et celle de sa famille politique, dite démocratie, progressiste et centriste, au 1er tour de la présidentielle anticipée de dimanche dernier, 16 septembre 2019, le chef du gouvernement et président du parti Tahya Tounes, a expliqué cette défaite, essentiellement, par la crise économique.
Par Imed Bahri
M. Chahed, qui répondait aux questions d’Elyes Gharbi, dans l’émission ‘‘Midi Show’’, sur Mosaïque FM, aujourd’hui, vendredi 20 septembre, a affirmé que «les électeurs ont voulu, en changeant le pouvoir, changer aussi leur situation actuelle», estimant que «la responsabilité de ce vote sanction est partagée par la classe politique en place dans son ensemble, pouvoir et opposition, la sanction ayant atteint tous les partis, qui n’ont atteint, ensemble que 30% des suffrages».
«Lors de campagne électorale, le discours tenu par tous la majorité des candidats était hors des préoccupations et des attentes des citoyens», a encore estimé M. Chahed, en déplorant que la plupart des candidats aient axé leurs interventions sur les attaques contre le chef du gouvernement, et les électeurs n’ont pas tardé à les sanctionner eux-aussi, en donnant les résultats que l’on sait.
«Ne nous trompons pas d’adversaires !»
«La diabolisation de Youssef Chahed a abouti à la diabolisation de tout le système politique en place, partis au pouvoir et partis de l’opposition mis tous dans le même sac», a aussi expliqué le chef du gouvernement, en ajoutant : «Je leur dis : vous vous êtes trompés d’adversaire».
S’adressant aux électeurs, M. Chahed les a appelés à voter en masse aux législatives du 6 octobre prochain : «Sanctionnez Chahed, sanctionnez le système en place, mais, de grâce, ne sanctionnez pas la Tunisie!», a-t-il lancé, tout en formant l’espoir de voir les 4 millions d’abstentionnistes, dont beaucoup votaient habituellement pour la famille démocrate, aller en grand nombre aux urnes début octobre prochain pour essayer de rééquilibrer la scène politique et permettre la constitution d’une majorité parlementaire capable de former un gouvernement et éviter ainsi l’instabilité gouvernementale.
Tout en exprimant des craintes quant à l’avenir de la Tunisie, étant bien placé pour connaître ses problèmes et l’absence de solutions miracles, M. Chahed a déploré l’émiettement et la division de la famille démocrate et a appelé toutes ses composantes à discuter rapidement pour former un front commun et aller ensemble aux urnes, le 6 octobre.
«Il faut mettre de l’ordre au sein de notre famille»
«Après la défaite, je suis soulagé, car les fortes pressions que je subissais se sont atténuées. Cependant, ma personne importe peu. Je suis jeune et je peux me projeter dans l’avenir, mais j’ai peur pour la Tunisie. C’est pourquoi j’appelle tous les démocrates, même ceux qui ont passé toute leur campagne électorale à me dénigrer, à se réunir autour d’une table pour mettre de l’ordre au sein de notre famille», a déclaré M. Chahed, en citant, surtout, les noms de Abdelkarim Zbidi et Mehdi Jomaa, mais invitant tous les autres aussi autour de la même table.
«Ma candidature (au 1er tour de la présidentielle, Ndlr) a recueilli 250.000 voix. Cela peut donner un bloc parlementaire Tahya Tounes constitué de 30 députés. C’est très peu pour peser sur les décisions de l’Assemblée. Mais en joignant nos forces à celles des autres partis démocrates, nous pourrions rééquilibrer la scène politique, constituer une véritable politique et faire face aux mouvements populistes et démagogiques qui font des promesses mirobolantes, irréalistes et irréalisables et vendent des illusions aux Tunisiens», a conclu le chef du gouvernement, tendant ainsi la main aux autres dirigeants de la famille démocrate.
Il reste cependant à espérer que cette réunion aura lieu rapidement, car le temps presse et les élections législatives se tiendront dans deux semaines
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