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Législatives 2019 : Rached Ghannouchi enfourche le cheval de la révolution

Assumant que la vague dégagiste du 1e tour de la présidentielle ne concerne pas son parti (!?), le chef d’Ennahdha Rached Ghannouchi a bombé le torse devant ses troupes à Médenine. Tentant, aussi, de prendre le train «anti-système» de Kaïs Saïed, le gourou de Montplaisir a une nouvelle fois fait un appel du pied aux «forces de la Révolution.»

Lors d’un meeting électoral, à Médenine, le président du parti islamiste a fait le déplacement de près de 500 km pour rassurer les Nahdhaouis, soutenir la liste du parti islamiste dans ce gouvernorat du sud et définir la nouvelle ligne directrice du mouvement.

A cette occasion, les Nahdhaouis, accueillant leur guide suprême, y ont mis les moyens et la manière: la troupe musicale de Ouled Jouini, chants partisans, psalmodie du Coran, hymne national, foules agitant le drapeau national et brandissant le fanion d’Ennahdha avec sa colombe, tous étaient là pour ce temps fort de la campagne des législatives de 2019.

L’assistance a été ainsi chauffée à bloc pendant plus d’une heure, avant la prise de parole du gourou de Montplaisir.

Lui aussi, le chef des islamistes a mis la manière, le style et les mots qu’il fallait pour cette rencontre avec ses troupes: l’homme, chemise blanche manches courtes et col ouvert, portant une casquette avec l’écusson d’Ennahdha, a déclaré d’entrée de jeu qu’il n’avait aucune crainte pour le parti islamiste et pour les chances de celui-ci au scrutin législatif du 6 octobre.

Selon lui, avant de glisser le bulletin de vote dans l’urne, les électeurs sauront faire la différence entre «ceux qui ont servi, fidèlement et sincèrement, la révolution du 14 janvier 2011» – traduisons, Ennahdha – et «ceux qui l’ont trahie» – traduisons aussi, tous les autres partis qui ont été corrigés au premier tour de la présidentielle anticipée du 15 septembre…

Donc, oubliés les trois ans de direction des affaires du pays sous le gouvernement de la «Troïka», la coalition conduite par Ennahdha; oubliées aussi les cinq années d’alliance au pouvoir de 2015 à 2019 pendant lesquelles le parti islamiste a fait avaler à Nidaa Tounes «la pilule du consensus»… Il ne resterait, selon Rached Ghannouchi, que «les efforts déployés pendant huit ans par Ennahdha pour sauver la révolution et lui épargner les errements que le Printemps arabe a connus dans les pays frères.»

Ainsi, le message adressé à Kaïs Saïed et à ceux qui ont voté pour lui au premier tour est clair: c’est à Ennahdha qu’ils devront faire confiance et c’est avec le parti islamiste que le nouveau chapitre de la révolution s’écrira.

Pour enrichir encore plus cette offre faite aux «forces de la Révolution», le président d’Ennahdha a vanté l’expérience acquise par les dirigeants nahdhaouis, au gouvernement comme au parlement, et leur compétence (!?)…

Cet aplomb affiché par le chef des islamistes est également accompagné d’une note d’humour assassine lorsqu’il a décoché une flèche à Nabil Karoui et son parti Qalb Tounes en déclarant: «Nous, à Ennahdha, nous n’avons pas de macaronis à distribuer.»

Cette allusion faite à l’action caritative ‘‘Khalil Tounes’’ menée par M. Karoui a un mérite double: les Nahdhaouis, comme promis, voteront pour Kaïs Saïed; et Ennahdha ne distribue plus de biscuits Choco Tom ou de moutons de l’Aid Al-Adha…

Marwan Chahla

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