Dans son article du 25 septembre 2019, Transparency International met la lumière sur des jeunes entrepreneurs tunisiens qui ne veulent plus attendre que les politiques se décident enfin à agir en leur faveur. Ils ont choisi de prendre eux-mêmes les rennes de leurs destin. Extraits.
Par Lisa Bryant *
Partout en Tunisie, les jeunes sans emploi, y compris de nombreux diplômés, passent leurs journées dans des cafés ou des maisons, dans un pays où le taux de chômage dépasse 30% à certains endroits.
L’économie morose, qui a déclenché la révolution du jasmin de ce pays d’Afrique du Nord en 2011 et qui, plus tard, a procuré un terrain fertile pour le recrutement d’extrémistes, continue de piétiner.
L’éducation reçue ne correspond pas aux besoins du marché
Aujourd’hui, une petite armée de jeunes entrepreneurs n’attend pas que leurs dirigeants réagissent. Ils animent le changement par le biais de startups et d’ONG locales. Ils font partie d’une société civile plus large qui est en train de se réveiller depuis la fuite en 2011 du dictateur Ben Ali. Beaucoup pensent que l’éducation reçue ne correspond pas aux besoins du marché.
Soutenu par l’Organisation internationale du travail (OIT), le programme de formation numérique cible des dizaines de jeunes, dont la plupart ont moins de 35 ans. Il s’inscrit dans un mouvement plus vaste lancé par Wala Kasmi sa fondatrice, appelé Youth Decides. Aujourd’hui, son effectif de plusieurs milliers de personnes s’est étendu au-delà des frontières tunisiennes, y compris vers la Libye voisine.
Le chômage et d’autres préoccupations inquiétantes ont dominé le 1er tour des élections présidentielles du 15 septembre 2019, une tendance qui devrait se maintenir pendant le 2e tour de la présidentielle et les élections législatives en ce mois d’octobre. Ils ont été reflétés dans les résultats du 1er tour, avec 2 outsiders qui ont enregistré les scores les plus élevés.
«Nous avons besoin d’un président qui vit la misère du pays, qui puisse créer des emplois et des exportations», a déclaré le boucher Arbi Ben Mustapha à TI.
La corruption s’est aggravée depuis la révolution
La corruption, autrefois l’apanage de l’élite tunisienne à l’époque de Ben Ali, est désormais généralisée, même si le pays a fait de modestes progrès ces dernières années, selon l’Indice de perception de la corruption (IPC) de TI. En effet, une étude récente du groupe de réflexion basé aux États-Unis, la Fondation Carnegie pour la paix internationale, révèle que les 3/4 des Tunisiens estiment que la corruption s’est aggravée depuis la révolution.
I Watch a déposé des plaintes pour corruption contre 4 candidats à la présidence, dont le premier ministre Youssef Chahed. Un seul homme d’affaires, Nabil Karoui, 2e au premier tour de scrutin, est actuellement en prison pour soupçons d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent.
Néanmoins, I Watch motive les jeunes. Outre ses 40 employés à temps plein, elle a recruté plusieurs centaines de volontaires anti-corruption à travers le pays et forme également des observateurs électoraux locaux.
Pour Achref Aouadi, fondateur d’I Watch, «il y a tellement de jeunes entrepreneurs, et d’activistes talentueux surtout honnêtes. Vous ne pouvez pas les arrêter».
Article traduit de l’anglais par Amina Mkada
* Journaliste à Voice Of America (Voa News).
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