Le feuilleton du contrat de lobbying qu’aurait conclu Nabil Karoui avec la boîte Dickens and Madson se poursuit. Et les révélations plaidant en faveur de la véracité de cette affaire se succèdent…
Par Cherif Ben Younès
La dernière en date consiste en une interview, parue hier, 8 octobre 2019, dans le journal canadien « The Globe and mail », avec Ari Ben-Menashe, le dirigeant de ladite boîte, et dans laquelle il dit avoir rencontré le candidat à la présidentielle, ainsi que sa femme Salwa Smaoui et son frère Ghazi Karoui, en Tunisie même, le 18 août dernier, date de la signature du contrat. Curieuse coïncidence tout de même…
La femme de Nabil aurait payé 150.000 $US d’un compte à Dubaï
Ce n’est pas tout, puisque M. Ben-Menashe, a indiqué avoir déjà reçu 250.000 dollars américains ($US), dont 150.000 $US de la part Mme Smaoui d’un compte de Dubaï. Et 100.000 ($US) d’un ressortissant algérien ami de M. Karoui résidant au Canada. Sachant que le prix total du contrat en question est de 1 million de dollars, d’après les documents publiés dans le site internet officiel du ministère de la Justice américain.
Celui qui a signé le contrat, Mohamed Bouderbala, servant jusque là d’alibi pour M. Karoui, puisqu’il demeure silencieux et inconnu, est décrit par le lobbyiste israélien comme étant «le représentant de l’avocat de Nabil Karoui, Mohamed Zaanouni», présent lors de la rencontre.
M. Ben-Menashé a assuré, cependant, qu’il n’a pas rencontré le sieur Bouderbala, et le journal canadien assure que ses efforts pour déterminer l’identité de cet illustre inconnu ou sa localisation n’ont pas été couronnés de succès. «Des diplomates tunisiens, des journalistes et d’autres personnes contactées ont dit qu’ils n’avaient jamais entendu parler de lui», assure le journal.
Nabil Karoui voudrait-il nous ramener des combattants de Libye ?
En ce qui concerne la rencontre de M. Ben-Menashe avec les membres du clan Karoui, qui aurait eu lieu à leur résidence, à Tunis, le lobbyiste a raconté que ce soir-là, «M. Nabil Karoui était très émotif en raison de l’anniversaire de la mort de son fils. Il voulait transformer Tunis en centre de paix. Il voulait nous engager, pas seulement pour l’élection, mais aussi pour que nous apportions des parties belligérantes libyennes à Tunis avec la supervision du président [russe] Poutine. Il croyait que c’était sa vocation.»
Ari Ben-Menashe a également déclaré qu’il continuera de faire pression au nom du candidat de Qalb Tounes, bien qu’il ne s’attend pas à recevoir un autre paiement ! «C ‘est une personnalité séduisante. Je pense qu’il pourrait être un très bon président», a-t-il ajouté.
Rappelons que l’identité du lobbyiste d’origine iranienne a contribué à alimenter la polémique autour de cette affaire en Tunisie, étant donné qu’il est un ancien commerçant d’armes et traducteur dans les services de renseignement israéliens, et qu’il est soupçonné d’avoir arnaqué plusieurs entreprises et politiciens auparavant.
Pour ce qui est du « Globe and mail », il s’agit d’un journal quotidien canadien de langue anglaise, basé à Toronto. Tiré à 2 millions d’exemplaires par semaine, il s’agit du journal national à plus fort tirage au Canada, en plus d’être le second quotidien en importance, après le « Toronto Star ».
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