La corruption est un terme qui est de plus en plus présent et pesant dans le paysage politique tunisien, au point que certains analystes ont affirmé que le deuxième tour de l’élection présidentielle consistait en un référendum pour savoir si le peuple la rejette ou pas… Mais ce fléau ne concerne pas seulement les politiciens…
Par Cherif Ben Younès
On se rappelle tous de l’affaire Samir El Wafi, le journaliste et présentateur de télévision, qui a écopé d’un an et 4 mois de prison dans une affaire de corruption financière, où il aurait soutiré près de 800.000 dinars tunisiens (DT) à un homme d’affaires pour lui faciliter l’obtention d’une autorisation de vente d’alcool, grâce à ses amitiés politiques, selon ses prétentions.
Eh bien, ce même Samir El Wafi a dénoncé, cette semaine, via un post Facebook, ce qu’il a explicitement appelé «la corruption» de l’un de ses confrères, à savoir Mohamed Boughalleb.
Cumul illégal du travail dans le public et le privé
L’animateur a notamment accusé ce dernier d’avoir «secrètement travaillé» avec le candidat au premier tour de l’élection présidentielle, Abdelkarim Zbidi, et qu’«il en a reçu le prix», remettant ainsi, ouvertement, en question l’intégrité des deux hommes.
Sans rentrer dans les détails, ni en fournir les preuves, Samir El Wafi a également écrit que cette affaire a provoqué une querelle entre M. Boughalleb et un autre confrère, Boubaker Ben Akacha, ce qui a incité le premier à quitter la chaîne de télévision, Attessia TV, suite à l’annonce des résultats du premier tour de la présidentielle et, par conséquent, la défaite de son prétendu protégé.
Pour rappel, El Wafi et Ben Akacha travaillent tous les deux pour cette même chaîne, en tant que présentateurs.
«As-tu oublié que tu roulais pour Habib Essid [chef du gouvernement entre février 2015 et août 2016] avec ton crayon et ta langue… puis pour [Youssef] Chahed [chef du gouvernement tunisien depuis août 2016] durant une certaine période ?», a ajouté M. El Wafi en s’adressant, toujours, à Mohamed Boughalleb.
L’animateur a, d’autre part, assuré que son confrère reçoit toujours des salaires de la part du ministère des Affaires culturelles (avec la complicité de «son ami le ministre») et de la radio Jeunes, qu’il a quittée depuis des lustres. Alors qu’il ne doit pas avoir le droit de cumuler des postes à la fonction publique et au privé.
Les accusations de Samir El Wafi ont même viré à l’agression verbale, voire à l’incitation à la haine. Ce qui en dit long, soit dit en passant, sur le sens de l’éthique et la médiocrité de certaines figures médiatiques en Tunisie : «La plupart des Tunisiens rêvent de te cracher dessus, espèce de malade… Évite les quartiers populaires et la Tunisie profonde pour que tu ne vois pas ta réalité dans les yeux du peuple.»
Agression verbale et incitation à la haine
Il faut dire que la période électorale relative au deuxième tour de la présidentielle a été particulièrement nocive pour la réputation de Mohamed Boughalleb, qui, à travers des prises de positions démesurées et unilatérales, en faveur d’un des deux candidats, Nabil Karoui, et au détriment de son concurrent, Kaïs Saïed, est clairement passé à côté de l’objectivité médiatique.
C’est à se demander pourquoi cela a été aussi flagrant, car, au bout du compte, M. Boughalleb a bêtement servi les intérêts de celui à qui il souhaitait la défaite, M. Saïed, en plus de nuire à sa propre image. En effet, il ne fallait pas être super malin, en tant que téléspectateur, pour se rendre compte qu’une telle hostilité avait peu de chances d’être innocente et sincère.
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