Ni les macaronis de «Mère Teresa», ni les affiches géantes du neveu de feu tonton, ni la communicatrice-souffleur du généralissime, ni le call-center de notre Bettencourt nationale, n’ont eu raison du petit juriste Kaïs Saïed, plébiscité président de la république sans coup férir.
Par Moncef Ben Slimane *
Le 13 janvier 2011, des «personnalités» applaudissent les réformes promises par Ben Ali.
Le 14 janvier 2011, la jeunesse tunisienne «dégage» le dictateur.
La Tunisie et son peuple surprendront toujours plus d’un.
Le 13 octobre 2019, notre pays plébiscite un certain Kaïs Saïed, un juriste qui n’appartient pas au conclave des pachas du droit.
Ni les macaronis de «Mère Teresa», ni les affiches géantes du neveu de feu tonton, ni la communicatrice-souffleur, ni le call-center de notre Bettencourt nationale, n’ont eu raison du petit candidat avec «sa petite auto, avec son petit manteau qui veut avoir l’air mais qui n’a pas l’air du tout»… d’un président, pour paraphraser Jaques Brel.
Cris et chuchotements
Chuchotements : le numéro 1 de la Tunisie, qui ne joue ni au golf ni au poker, ne va pas au sports d’hiver, ne fréquente ni clubs bling bling, ni coins chics et sympathiques, ni salons, ni réceptions ni ambassades. And what else ?
Cris : comment en sommes-nous arrivés là alors que tout avait si bien commencé. Débarrassé du «bac moins 6» et de ses parents, pourtant mariés à des filles et des garçons de la bonne société, on était loin d’imaginer ce qui allait nous arriver dans ces élections – excusez l’expression – piège à cons.
Débarrassé donc de la bande à Zine et Leila, le pays était confié aux bons soins de Si Foued (Mebazaa), qui a mis l’avenir de la Tunisie entre les mains de la crème de l’élite académique. Des élections démocratiques et une constitution de la seconde république qui prouve que l’islam politique est soluble dans l’élixir démocratique.
Que demande le peuple ? C’est un printemps tunisien 12 mois sur 12. Tout était là pour qu’on prenne en 2019 les mêmes et on recommence.
2e round et le gong est sonné
Le second tour de la présidentielle arrive à grands pas. Les chefs de grands partis ont vu, ont vécu et se sont entendus. Ils apporteront leur soutien à ce candidat un peu douteux, mais en fermant les yeux, tout ira pour le mieux.
De plus, les sondages en faveur de celui qui est en face autorisent qu’on arrête la traque de celui qui est derrière les barreaux, même 24 heures avant, pour sauver la baraque.
Rien n’y a fait. Il est élu haut la main, le Kaïs Saïed, malgré les cousins, les copains, les coquins et les bons à rien.
Le pire est même peut-être encore à venir.
Et si le Kaïs Saïed appelle le cheikh pour former un gouvernement ?
Et si le cheikh met à la poubelle le «tawafoq» (consensus) islamiste-moderniste concocté et contracté en 2011 avec la Haute instance de la transition machin truc chouette ?
Et si le cheikh lui vient l’idée de former une majorité et un gouvernement islamiste toutes nuances confondues ?
Que faire alors ?
Il ne reste qu’une seule issue : à l’irlandaise. Former vite fait une commission très très supérieure, qui fera une super-réforme politique : la division de la Tunisie en deux républiques.
Une république tunisoise qui regrouperait Ennasr, les Berges du Lac, Carthage, Sidi Bou et la Marsa avec un président bien élu par des bulletins bien cossus.
Et une république tunisienne avec le reste et pour le reste, les 70% par exemple, avec Kaïs Saïed comme président.
Hahaha et Looool ! le rire jaune est accepté.
Cet article est une fiction comme la révolution. Toute coïncidence ou ressemblance avec des personnages réels ou situations virtuelles n’est ni fortuite ni involontaire.
* Universitaire.
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